Immigration: Guerre des chiffres
Eric Besson va commander un rapport officiel sur le coût de l’immigration irrégulière et des mesures d’éloignement. Il réplique ainsi à la mise en place d’une évaluation de sa politique par une quinzaine d’élus.
Cette "étude globale" portera sur le coût des mesures d’éloignement et de l’aide aux clandestins. Elle s’intéressera, a-t-il précisé, au "coût du maintien sur le territoire des étrangers en situation irrégulière, c’est-à-dire au coût pour les collectivités publiques de leur hébergement, de leurs soins médicaux, de leur scolarité, le manque à gagner pour les services sociaux et fiscaux du travail non déclaré ainsi que le coût de leur placement en rétention lorsqu’ils sont interpellés, et de l’assistance juridique et sociale qui leur est alors fournie".
En dégainant ses propres chiffres, le ministre de l’Immigration entend répliquer à une autre étude lancée sur la question. A l’initiative de trois députés – Martine Billard (Parti de gauche), Sandrine Mazetier (PS) et Noël Mamère (Verts) – une quinzaine de parlementaires, de gauche et de droite (voir encadré), ont annoncé mardi un audit "informel" sur les effets de l’immigration dans différents domaines, emploi, social, économie.
Ils ont précisé qu’ils interrogeraient des responsables politiques, haut fonctionnaires, chercheurs, patrons, syndicalistes et militants associatifs afin d’évaluer, non seulement l’efficacité des politiques menées, mais aussi l’impact réel de l’immigration sur les comptes de l’Etat.
En s’appuyant sur un rapport du collectif "Cette France-là", ces élus estiment d’ores et déjà que les mesures de reconduites à la frontière coûteraient 2 milliards par an, quand le ministre de l’Immigration, lui, parle de 230 millions. "Il est temps de dire la vérité aux Français", a martelé jeudi Eric Besson.
La guerre des chiffres est donc lancée, à un moment clé: Eric Besson vient en effet d’annoncer un nouveau projet de loi visant à réformer, pour le durcir, le code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). Il s’agit de la cinquième loi sur l’immigration en sept ans. Un aveu d’échec pour les parlementaires, qui réclament un bilan des mesures précédentes avant un sixième texte.
Toutefois, il n’est pas certains que ces nouveaux chiffres interposés apaisent le débat. Plusieurs rapports ont déjà été rédigés sur ces questions, mais l’immigration clandestine, par nature, reste difficile à quantifier.