"Nous mettrons tout en oeuvre pour qu’il y ait effectivement tous les moyens qui soient mis à disposition de la Tunisie pour retrouver l’argent qui a été capté, volé, mais qui n’a pas été placé en France", a expliqué M. Hollande. "Nous avons quelques millions d’euros sur lesquels nous pouvons avoir prise, et pour le reste, nous mettrons toutes les compétences" pour "aider la Tunisie à retrouver ce dont elle a été privée", a-t-il ajouté.
Le président tunisien Moncef Marzouki a fait de ce sujet une question "économique", "politique" et "morale". Il a expliqué avoir demandé à la France d’apporter sa "technicité" afin de "repérer la façon dont cet argent s’est évaporé", lors de cette conférence de presse à l’Elysée.
"Pour pouvoir retrouver la trace de ces milliers de dollars, nous avons besoin (…) de détectives financiers", a-t-il souligné. "Il faut que les dictateurs sachent, à partir de maintenant,(…) que l’argent mal acquis, aujourd’hui nous allons mettre à tous les niveaux des mécanismes pour faire en sorte qu’ils n’en profitent pas", a-t-il affirmé.
M. Marzouki a dit avoir été "très surpris" par la proposition de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali de se désister en faveur de l’Etat tunisien "de tous prétendus avoirs ou ressources économiques" lui appartenant et qui se trouveraient sur le territoire suisse, rendue publique lundi par la voix de son avocat Me Akram Azoury.
"Sauf que nous ne voulons pas une partie, nous voulons le tout", a commenté le chef d’Etat tunisien. "Nous estimons que ce que cet homme et sa famille ont volé à la Tunisie se chiffre en milliards de dollars, et que c’est la totalité de cette somme qui doit revenir en Tunisie".
"Et si M. Ben Ali n’a rien à se reprocher, qu’il se présente en Tunisie, je peux lui garantir sa sécurité physique et je peux lui garantir qu’il aura un procès équitable", a-t-il répété.
Réfugié en Arabie saoudite, M. Ben Ali a été condamné par contumace à la prison à vie pour "complicité d’homicides volontaires" lors de la répression du soulèvement populaire qui a fait chuter son régime en janvier 2011. Il a par ailleurs écopé de 66 ans de prison et de lourdes amendes dans d’autres affaires de "malversations, abus de pouvoir, trafic de stupéfiants et d’objets archéologiques".
Selon certaines informations de presse, il aurait détourné à l’étranger des fonds estimés à plusieurs milliards de dollars.