Interrogée par l’AFP, l’instance suprême du football mondial, ébranlée depuis fin mai par un scandale de corruption, n’avait pas réagi dans la matinée.
L’envoi des demandes formelles d’extradition, mercredi, n’est que le début d’une procédure qui s’annonce assez longue: les détenus ont déjà indiqué il y a quelques semaines qu’ils s’opposaient à leur extradition. Ils peuvent faire appel si la Suisse décide de les extrader.
Les sept détenus, qui se trouvent dans différentes prisons du canton de Zurich pour ne pas pouvoir communiquer entre eux, doivent maintenant être entendus par la police cantonale de Zurich sur ces demandes d’extradition, a expliqué l’Office fédéral de la justice (OFJ) dans un communiqué.
Une fois qu’ils auront été entendus par la police cantonale, ils se verront accorder un délai de 14 jours pour prendre position sur les demandes formelles d’extradition, délai qui peut être prolongé, "pour des motifs sérieux", de 14 jours supplémentaires.
Ensuite, Berne décidera "dans les semaines qui suivent, sur la base des demandes d’extradition, de l’audition des détenus et de leur avis, s’ils doivent être extradés".
Les décisions d’extradition de l’OFJ peuvent faire l’objet d’un recours devant le Tribunal pénal fédéral, dont la décision peut encore être attaquée en dernière instance devant le Tribunal fédéral.
– Soupçons de pots-de-vin-
C’est mercredi que "l’ambassade des Etats-Unis à Berne a transmis à la Suisse des demandes d’extradition formelles, dans les délais prévus par le traité d’extradition entre les deux pays", a indiqué l’OFJ.
Les Etats-Unis disposaient de 40 jours depuis la date d’arrestation, soit jusqu’au 3 juillet au soir, pour présenter les demandes formelles d’extradition ou bien demander un délai.
Les sept dirigeants de la Fifa et organisations affiliées avaient été arrêtés le 27 mai à Zurich — au premier jour du Congrès de la Fifa — et placés en détention en vue de l’extradition, sur la base d’un mandat des autorités américaines.
Les demandes se fondent sur les mandats d’arrêt émis le 20 mai par le parquet du district Est de New York, qui soupçonne ces personnes d’avoir accepté des pots-de-vin pour plus de 100 millions de dollars (90,4 millions d’euros), explique l’OFJ.
Ces pots-de-vin ont été versés, selon les présomptions des procureurs new-yorkais, par des représentants des médias sportifs et d’entreprises commerciales sportives pour obtenir des droits de diffusion, de commercialisation et de sponsoring lors de tournois de football aux Etats-Unis et en Amérique latine.
Toujours selon la justice américaine, ces actes de corruption, convenus et préparés sur le sol américain, ont aussi fait l’objet de transactions financières par le biais de banques américaines, rappelle l’OFJ.
– Blatter se défend –
Fin mai, la justice américaine a inculpé 14 dirigeants et partenaires de la Fifa, dans une vaste affaire de corruption remontant jusqu’aux années 1990. Les autorités américaines les suspectent d’avoir accepté des dessous de table de plusieurs millions. Une tempête qui a poussé le président de l’instance mondiale du football, Joseph Blatter, à démissionner quatre jours après sa réélection.
"Quand on dit que Blatter est corrompu parce que la Fifa est corrompue, alors je dis non. Quiconque tient de tels propos sans preuve devrait être envoyé en prison", s’est défendu le Suisse mercredi dans un entretien au journal allemand Bunte. Blatter a prévu de rester en poste jusqu’à l’élection de son successeur, qui n’est pas prévue avant fin 2015.
Parmi les sept détenus en Suisse figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), vice-président de la Fifa, membre du Comité exécutif et président de la Concacaf, et Eduardo Li, membre des comités exécutifs de la Fifa et de la Concacaf et président de la Fédération du Costa Rica.
En parallèle à l’enquête américaine, la justice suisse a ouvert une autre enquête "pour soupçon de gestion déloyale et de blanchiment d’argent" entourant les attributions des Coupes du monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar.