Face à la colère de Trump, l’ambassadeur britannique aux Etats-Unis démissionne

Le courroux de Donald Trump a eu raison de l’ambassadeur britannique aux Etats-Unis Kim Darroch, qui a annoncé sa démission mercredi après la fuite de mémos diplomatiques peu flatteurs à l’égard du président américain.

Dans ses rapports publiés dans la presse samedi, Kim Darroch jugeait Donald Trump "instable" et "incompétent" et l’administration américaine "unique dans son dysfonctionnement".

Ces fuites ont provoqué une tempête: Donald Trump a assuré lundi qu’il n’aurait "plus de contact" avec Kim Darroch, qu’il a qualifié de "type très stupide", et a vertement critiqué la Première ministre conservatrice sortante Theresa May qui a affiché son soutien au diplomate.

"Depuis la fuite de documents officiels provenant de cette ambassade, il y a eu beaucoup de spéculations sur mon poste et la durée de mon mandat d’ambassadeur. Je veux mettre fin à cette spéculation. La situation actuelle m’empêche de remplir mon rôle comme je le souhaiterais", a écrit le diplomate dans une lettre adressée à Simon McDonald, chef des services diplomatiques britanniques.

Theresa May a jugé "très regrettable" sa démission, mercredi lors de la séance hebdomadaire de questions au Parlement.

"Un bon gouvernement dépend de la capacité des fonctionnaires à donner des conseils francs et complets. Je veux que tous nos fonctionnaires aient la confiance nécessaire pour le faire", a ajouté la dirigeante dont les velléités de cultiver la "relation spéciale" avec les Etats-Unis ont subi un nouveau coup de canif.

Cette annonce a également provoqué un certain émoi quant à ses conséquences négatives sur la fonction diplomatique.

"Affaiblir notre pays"

"Si le Royaume-Uni ne peut pas protéger les communications diplomatiques et que cela coûte leur carrière aux gens alors que tout ce qu’ils font c’est exécuter les souhaits du gouvernement, nous allons voir la qualité de nos émissaires se dégrader, leur influence diminuer et cela affaiblira notre pays", a dénoncé Tom Tugendhat, président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères.

Kim Darroch, 65 ans, est l’un des diplomates britanniques les plus expérimentés avec une carrière longue de 42 ans. Il était arrivé en poste à Washington en janvier 2016, avant la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Perçu comme un europhile, il avait auparavant servi comme représentant permanent du Royaume-Uni à Bruxelles de 2007 à 2011.

Le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn a également "regretté" la démission de Kim Darroch qui "a rendu un service honorable et de qualité".

L’ex-chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, donné gagnant de la course pour remplacer Theresa May et qui vante ses "bonnes relations" avec Donald Trump, était très critiqué pour avoir refusé de défendre l’ambassadeur lors d’un débat télévisé mardi soir face à son concurrent, le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt. Ce dernier s’est dit "scandalisé" des fuites des rapports du diplomate.

Mercredi, M. Johnson a fini par dire regretter le départ d’un "diplomate exceptionnel".

"Tragédie personnelle"

Le chef du parti du Brexit, Nigel Farage s’est lui félicité de ce départ, estimant qu’il était "temps de nommer à ce poste un non partisan du maintien dans l’UE qui veut nouer un accord commercial avec l’Amérique". Le gouvernement britannique espère en effet nouer un accord ambitieux avec Washington après le Brexit.

Londres a ouvert une enquête pour trouver le ou les responsables ayant permis la publication par le Mail on Sunday des rapports confidentiels et envisage des poursuites judiciaires.

"Nous poursuivrons le coupable avec tous les moyens à notre disposition", a déclaré mercredi Simon McDonald, devant la Commission des affaires étrangères.

Il a qualifié l’affaire du "plus grande violation de confiance" jamais rencontrée dans ses services.

"C’est une tragédie personnelle pour un ami et un collègue", a-t-il ajouté. Et "c’est quelque chose qui nous fera réfléchir à nos façons de travailler", a-t-il souligné, encourageant les diplomates à "se montrer encore plus prudent sur la façon dont ils transmettent leurs informations les plus sensibles".

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