Robert Ford fait remarquer aussi que les projets infrastructurels demeurent le seul axe autour duquel gravite l’activité économique. Des milliards de dollars, dit-il, sont injectés dans les projets infrastructurels «pour créer des emplois et aussi créer un héritage Bouteflika». Et de souligner : «Bouteflika et son équipe ont la même approche pour dynamiser l’économie.» Une économie sclérosée qui reste assujettie à «la bureaucratie, aux lourdes règlementations et à une centralisation empêchant les investissements privés», affirme Robert S. Ford. Pour ce dernier, l’incapacité du gouvernement à réagir est due à un «manque de vision au sommet». Le diplomate américain fera la remarque qu’il y a encore des hésitations du côté algérien à suivre un modèle économique donné. «Bouteflika et son équipe n’ont pas encore fait le choix entre une économie de marché intégrée dans l’économie mondiale, ou bien une économie dirigée par le gouvernement, à l’image du socialisme des années 1960 et 1970.»
Dans le tableau qu’il dresse sur le volet social, l’ambassadeur M. Ford, actuellement en poste à Beyrouth, indique qu’en Algérie «l’offre de logements est très faible, à l’heure où le chômage et le sous-emploi sont endémiques». Il parlera même de la question des harraga, précisant qu’il s’agit d’un phénomène «relativement nouveau faisant que beaucoup de jeunes Algériens tentent de fuir le pays même sur des embarcations». Et de relever même l’âge de mariage des Algériens comme un signe de malvie. «L’âge moyen où les Algériens se marient est maintenant la mi-trentaine, un indicateur frappant de la manière malheureuse dont ils vivent leurs vingt ans», dit-il. Quant au pouvoir d’achat, M. Ford l’analyse par une dépendance alimentaire de l’Algérie vis-à-vis du marché extérieur : «La majeure partie de la hausse mondiale des prix des produits alimentaires est répercutée sur les consommateurs, ce qui provoque des grèves par différents groupes de travailleurs à un rythme quasi hebdomadaire».