Il a également accusé "l’Allemagne, et particulièrement la France, d’être en train d’acheter (la) souveraineté brésilienne" avec l’offre d’aide du G7 contre les incendies qui font rage dans la plus grande forêt tropicale du monde.
Ces incendies sont loin d’être "sous contrôle", contrairement à ce qu’affirme le gouvernement depuis plusieurs jours : 1.044 nouveaux départs de feu ont été constatés mardi dans tout le Brésil, dont plus de 50 % en Amazonie, a indiqué mercredi l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
Le nombre feux de forêt depuis janvier dans le pays (83.329), est le plus élevé depuis 2010, selon l’INPE. Ils sont souvent provoqués par des agriculteurs ou éleveurs de bovins qui veulent plus de terres, et que la politique du gouvernement actuel encourage.
Après avoir reçu le président chilien Sebastian Pinera, invité à Biarritz (France) en marge du G7 le week-end dernier, Jair Bolsonaro, qui ne s’est toujours pas rendu en Amazonie, a fait des déclarations belliqueuses et créé la confusion.
On ignorait si le Brésil, qui a rejeté l’aide financière du G7 mardi matin en attendant que M. Macron "retire ses insultes" contre M. Bolsonaro, puis l’a acceptée mardi soir sous certaines conditions, l’a effectivement de nouveau rejetée mercredi matin.
M. Macron "m’a traité de menteur et à deux reprises a dit que la souveraineté (brésilienne sur) l’Amazonie devait être relativisée", a dit Jair Bolsonaro à des journalistes. "Nous pourrons nous parler quand il se sera rétracté après ce qu’il a dit contre ma personne".
Les dramatiques incendies qui sévissent en Amazonie ont provoqué une crise diplomatique entre Brasilia et Paris, qui menace de ne pas signer l’accord de libre-échange UE-Mercosur et dont il semble totalement vain d’attendre la moindre "rétractation".
M. Macron avait accusé la semaine dernière M. Bolsonaro d’avoir "menti" sur ses engagements environnementaux. La France a été copieusement attaquée par ailleurs par le gouvernement brésilien, et M. Bolsonaro a traité de M. Macron de "colonialiste" avant de s’en prendre à son épouse Brigitte Macron.
"Le Brésil n’est pas à vendre"
Au grand dam de Brasilia, Emmanuel Macron s’était aussi interrogé sur l’opportunité de conférer un statut international à la forêt amazonienne, au cas où les dirigeants de la région prendraient des décisions nuisibles pour la planète.
"Il est important de redire que l’Amazonie du Brésil est sous souveraineté brésilienne", a martelé M. Bolsonaro, dont le pays abrite 60 % de la gigantesque forêt tropicale.
"Le Brésil n’est pas à vendre pour 20 millions (de dollars), ni 20 milliards", a-t-il poursuivi, évoquant "la taille de (…) la huitième économie du monde".
Il a toutefois ajouté que "le Brésil peut accepter toute aide bilatérale".
Le président chilien Sebastian Pinera a apporté mercredi son soutien au Brésil: "il faut se souvenir que certaines années il y a eu des incendies bien pires", a-t-il dit, reprenant des propos de Jair Bolsonaro.
"Nous aimons tous l’Amazonie, les neuf pays (qui l’abritent) y exercent leur souveraineté", à dit M. Pinera. Il a annoncé l’envoi de quatre avions du Chili, qui vont s’ajouter à la quinzaine d’appareils que le Brésil a déployés depuis le week-end dernier, avec 2.500 soldats.
Le Brésil a accepté une proposition du Pérou et de la Colombie d’un sommet régional le 6 septembre dans une ville frontalière des trois pays pour coordonner la préservation de l’Amazonie.
Dans l’Etat de Rondônia (nord-ouest), l’un des plus affectés par les incendies, la capitale Porto Velho se retrouvait sous un couvercle de fumée.
Le vice-président brésilien, le général Hamilton Mourao, a dénoncé dans une tribune publiée mercredi par le quotidien Estado de S. Paulo sous le titre "Notre Amazonie" la "campagne internationale" contre le Brésil.
Il a fustigé "ces dirigeants de pays européens" qui "essaient de saboter les accords historiques tel celui signé (fin juin) entre l’Union européenne et le Mercosur", qui doit encore être ratifié.
Le ministre de l’Environnement Ricardo Salles, 44 ans, en première ligne dans la crise amazonienne, est sorti de l’hôpital où il avait été admis en urgence la veille après un malaise.
La Bolivie frontalière connait également des incendies dramatiques qui ont entraîné la suspension de la campagne électorale.