Boeing rafle le contrat du siècle de l’armée américaine

Le constructeur a remporté l’appel d’offres portant sur la livraison d’avions ravitailleurs à l’armée de l’air américaine. Grosse déception chez EADS qui souhaite se laisser du temps avant de s’engager dans une éventuelle riposte judiciaire à cette décision du Pentagone.

Le Pentagone a tranché. Ce sera Boeing. Le constructeur a remporté l’appel d’offres portant sur la livraison d’avions ravitailleurs à l’armée de l’air américaine, a-t-on appris jeudi soir. La décision sur l’attribution du contrat marque un tournant dans ce dossier. Lors d’une conférence de presse, le secrétaire à l’US Air Force, Michael Donley, a précisé que le contrat attribué à l’américain représentait une valeur supérieure à 30 milliards de dollars (21,73 milliards d’euros). Le secrétaire adjoint à la Défense, William Lynn, a garanti que la compétition avait été juste et qu’aucun camp n’avait été favorisé.

Rien ne garantit que le conflit entre Boeing et Airbus va s’arrêter là. Le groupe européen dispose d’un délai de dix jours pour contester formellement la décision annoncée jeudi soir, mais les parlementaires représentant les Etats américains qui auraient bénéficié de l’attribution du contrat à Airbus pourraient tenter de l’infirmer par la voie juridique. Le Pentagone estime que si EADS a certes le droit de protester, mais rien ne le justifierait.

Au sein du groupe, il y a un débat autour d’un éventuel recours. Le groupe européen a exprimé dans un communiqué sa "déception" et sa "perplexité" après l’annonce de "l’US Air Force de son choix d’un avion dont le développement n’est pas terminé et qui présente plus de risques que le KC-45, un avion éprouvé et plus performant". EADS proposait de fabriquer cet appareil à Mobile (Alabama) avec le soutien d’un millier de fournisseurs américains. Ce programme devait créer 48.000 emplois aux Etats-Unis.

La concurrence pour la fourniture de ces 179 avions ravitailleurs a provoqué des tensions de part et d’autre de l’Atlantique, et des conflits entre parlementaires américains soucieux de créer des emplois dans leur Etat. Boeing et EADS, via sa filiale nord-américaine, proposaient tous les deux une version spécialement adaptée de leurs appareils de transport existants, le Boeing 767 et l’A330.

Au fil des ans, ce contrat a connu différents rebondissements. Attribué dans un premier temps à Boeing en 2003, l’appel d’offres avait été remporté en 2008 par Northrop Grumman et EADS North America avant d’être relancé, sous la pression de l’avionneur américain, pour un défaut dans la procédure. Coup de théâtre fin 2010, l’US Air Force avait fait savoir le 19 novembre qu’elle avait par erreur envoyé à chaque compétiteur "une quantité limitée" d’informations confidentielles sur son concurrent. Il n’est pas non plus impossible que le perdant porte réclamation sur la base de cette erreur d’envoi de courrier…
Les deux candidats ont remis l’été dernier des dossiers de 9.000 pages pour cet appel d’offres.

La concurrence du groupe européen avait contraint le constructeur américain a de lourds efforts. Il a promis 10 milliards de dollars d’économies de carburant sur quarante ans et des coûts de maintenance de 15% à 20% inférieurs à ceux d’Airbus. Chez EADS, avant même de connaître l’issue du dossier, on se réjouissait de "faire souffrir Boeing", qui ne fera certainement de beaucoup de marges sur ce contrat. Le président d’ EADS , Louis Gallois, a coutume de souligner devant ses équipes que c’est déjà une victoire pour son groupe d’avoir été sollicité par le Pentagone pour participer à ce contrat de la décennie. Même si les investissements engagés sur ce projet l’ont été à fonds perdus.

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