"Les vies et les biens de la communauté de l’islam, les mosquées et écoles religieuses de Birmanie ne sont plus en sécurité et la situation est inquiétante", peut-on lire dans ce texte envoyé le 26 mars à la présidence, selon Nyunt Maung Shein, le président du Conseil des affaires islamiques.
"Ces attaques violentes incluent des incendies volontaires et des massacres qui méritent une punition sévère", poursuivent les quatre organisations signataires, qui accusent les forces de sécurité de "négligence" et de passivité.
Les violences entre bouddhistes et musulmans ont fait 40 morts la semaine dernière à Meiktila, dans le centre du pays. Elles se sont depuis étendues à d’autres communes et si le bilan humain est inchangé, de nombreuses mosquées et habitations ont été détruites et des quartiers soumis au couvre-feu.
"Les massacres et dégâts sur les bâtiments religieux et propriétés sont imputables à la faiblesse de la protection et des actions prises par les autorités responsables", accusent les auteurs de la lettre.
Les incidents sont quotidiens depuis quelques jours dans une vaste région au nord de Rangoun. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
La Birmanie enchaîne les réformes politiques et économiques depuis le départ de la junte militaire il y a deux ans, mais ces violences constituent un défi de tout premier ordre pour le nouveau régime.
En 2012 déjà, des affrontements entre bouddhistes de la minorité ethnique rakhine et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas avaient fait plus de 180 morts et 110.000 déplacés dans l’ouest.
Cette fois, les musulmans visés sont des citoyens birmans, venus depuis parfois plus d’un siècle d’Inde, du Bangladesh ou de Chine. Une situation qui inquiète la communauté internationale.
Les Etats-Unis ont indiqué mercredi surveiller la manière dont le pouvoir s’appliquerait à "restaurer l’ordre et maintenir la paix en respectant les droits de l’homme et la loi", selon un porte-parole du département d’Etat.
"Nous regardons comment ils font respecter la loi, comment ils répondent à cette éruption de violence", a renchéri un responsable américain sous couvert d’anonymat.