Arrivée de Macron à Alger pour une visite de quelques heures

Le président français Emmanuel Macron est arrivé mercredi en fin de matinée à Alger pour une visite de quelques heures, lors de laquelle il rencontrera notamment son homologue Abdelaziz Bouteflika.

Alors qu’Alger avait mal pris qu’Emmanuel Macron choisisse, dès début juin, le Maroc pour son premier déplacement au Maghreb, cette visite éclair, qualifiée de visite "d’amitié et de travail" côté algérien, ne durera finalement que quelques heures. "Longue attente, court séjour", titrait mercredi le quotidien francophone Liberté, résumant l’état d’esprit de la presse algérienne.

Sur la "question de la mémoire", Emmanuel Macron a déjà anticipé en affirmant à l’issue de sa tournée africaine qu’il n’y aura "ni déni ni repentance", le plafond a été revu à la baisse.

"J’ai le regard d’un homme de ma génération, d’un président élu sur un projet d’ouverture. Je connais l’histoire, mais je ne suis pas otage du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en tenir compte. Mais je souhaite désormais, dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir", a déclaré le président français dans une interview conjointe aux quotidiens francophone El Watan et arabophone El Khabar, publiée mercredi.

La rencontre à Zéralda, la résidence présidentielle médicalisée dans la banlieue d’Alger, entre Emmanuel Macron, 39 ans, et Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, quasiment paralysé par une attaque cérébrale survenue il y a plus de quatre ans, est très attendue. Il est fort à parier que la photo entre les deux hommes ne laissera personne indifférent.

"Derrière l’humour dont font toujours preuve les Algériens en de telles circonstances il y a un sentiment mêlé. Bouteflika reste populaire (…) Mais le contraste physique entre les deux hommes aura aussi quelque chose d’humiliant pour l’Algérie, dont la moitié de la population a aujourd’hui moins de 30 ans", selon Séverine Labat, chercheuse au CNRS.

Sur le dossier sécuritaire, Paris a demandé aux autorités algériennes des efforts supplémentaires dans la traque des organisations jihadistes qui sillonnent le Sahara. "J’attends une coopération totale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une paix durable au Mali", a-t-il soutenu.

Exclu du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) porté par Emmanuel Macron, reléguée au second rang dans les négociations interlibyennes, Alger critique de manière à peine voilée les initiatives françaises dans ce qu’il désigne ou considère comme son "arrière-cour".

Au plan économique, M. Macron a estimé que l’Algérie, dont l’économie est lourdement plombée par la baisse du baril du pétrole, doit ouvrir davantage". "Il y a encore beaucoup de freins à l’investissement qui existent sur le contrôle des participations et les règles de change en Algérie. Une modernisation de l’économie est indispensable pour que les entreprises algériennes et françaises puissent développer leurs projets", a-t-il dit.

Emmanuel Macron déjeunera avec plusieurs personnalités algériennes, notamment Noureddine Benissad, président de la Ligue des Droits de l’Homme en Algérie, ainsi que le journaliste et romancier Kamel Daoud, le dessinateur Dilem et Sansal Boualem, trois figures transgressives de la scène algérienne.

L’association "Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon", les deux journalistes de RFI tués au Mali en 2013, a par ailleurs dit espérer que la visite du président français à Alger fasse progresser l’enquête, alors que les juges d’instruction soupçonnent les assassins présumés d’être basés dans le sud de l’Algérie.

A l’issue d’une conférence de presse et d’une rencontre avec la communauté française, M. Macron s’envolera en fin de soirée pour une visite officielle au Qatar.

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