Pour lui, cette journaliste de 62 ans aux célèbres yeux bleus a abandonné une carrière brillante, subi sa réputation d’homme à femmes et déjà assumé en 2008 son écart de conduite mondialement médiatisé avec une économiste du FMI. Mais le 14 mai, Anne Sinclair a immédiatement compris que l’affaire dépassait par sa magnitude tout ce qu’elle avait pu vivre. Tardant à peine à prendre un avion pour New York car elle attendait la naissance de son premier petit-enfant, l’ancienne star de 7/7 s’est résolument affichée depuis le début au côté de Dominique Strauss-Kahn, lui offrant dans l’adversité son amour mais aussi ses moyens financiers, immenses autant que nécessaires.
Brune, élégante, celle qui attirait des millions de téléspectateurs lorsqu’elle réalisait des interviews politiques sur la chaîne privée TF1, est aussi une femme fortunée. Son argent devait servir les ambitions politiques de DSK. Il financera les conditions draconiennes de sa liberté surveillée : appartement loué à Manhattan, équipements de sécurité, caution et garantie d’un montant total de 6 millions de dollars.
Née à New York, cette petite-fille d’un riche marchand d’art juif, Paul Rosenberg, qui avait fui aux Etats-Unis devant l’avancée des nazis, est l’héritière d’une immense fortune. « Je ne vais tout de même pas m’excuser parce que ma femme est riche », confiait-il à des journalistes quelques jours avant son arrestation. Il s’étaient mariés en 1991, un troisième mariage pour lui père de quatre enfants, le deuxième pour elle, maman de deux fils. Lors de la comparution de DSK, la main dans celle de Camille, la fille de son mari, elle est d’une dignité remarquable et s’efforce de ne rien laisser paraître. Seulement quelques regards vers son mari, et ce baiser furtif échangé d’un geste, à quelques mètres l’un de l’autre.
« Je ne crois pas une seule seconde aux accusations qui sont portées contre mon mari. Je ne doute pas que son innocence soit établie », a-t-elle immédiatement déclaré, solide et ferme malgré l’humiliation. « Nous nous aimons comme au premier jour ». Cette phrase, elle l’avait écrite sur son blog, lorsqu’en 2008 déjà, il avait fallu sauver l’honneur de Dominique Strauss-Kahn après son faux pas au FMI. L’histoire dira si elle ira jusqu’au bout de cette épreuve.
(Source Le Progrès)