Algérie: un imam demandant l’exécution de Kamel Daoud condamné à 3 mois ferme
La justice algérienne a condamné mardi à six mois de prison, dont trois ferme, un prédicateur salafiste ayant demandé l’exécution du journaliste et écrivain Kamel Daoud pour « apostasie ».
Le procureur avait requis contre lui six mois de prison ferme et une amende de 50.000 dinars.
En décembre 2014, M. Ziraoui, qui dirige le Front de l’éveil islamique salafiste (non reconnu officiellement), avait appelé sur sa page Facebook les autorités algériennes à condamner Kamel Daoud à la peine capitale et à l’exécuter en public.
L’appel intervenait après une intervention de M. Daoud dans une émission de télévision française, où il avait critiqué le rapport des musulmans à leur religion.
Abdelfatah Hamadache Ziraoui, qui milite notamment pour l’interdiction de l’alcool et du maillot de bain sur les plages, avait estimé que le chroniqueur "mène une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l’islam".
Il le jugeait notamment coupable d’apostasie, passible de la peine de mort aux yeux de la loi islamique.
Devant le tribunal d’Oran, où il s’était présenté seul le 1e mars, M. Ziraoui avait maintenu ses propos.
La défense de Kamel Daoud, lauréat en 2015 du prix Goncourt du premier roman pour "Meursault, contre enquête", avait demandé une condamnation à une amende symbolique d’un dinar algérien.
Chroniqueur au Quotidien d’Oran, la grande ville de l’ouest algérien où il habite, Kamel Daoud avait été séduit un temps par les idées islamistes avant de s’en détacher.
En février, il a annoncé qu’il arrêtait le journalisme pour "rêver de littérature" après avoir été accusé par un groupe d’universitaires français d’"alimenter les fantasmes islamophobes".