Alain Juppé abandonne le « combat politique »

"L’envie me quitte tant le contexte change" : l’ancien Premier ministre français Alain Juppé, une figure historique de la droite modérée, a annoncé jeudi qu’il quittait le "combat politique" et sa ville de Bordeaux, dont il est devenu le maire en 1995.

Des sanglots dans la voix, au moment où il s’apprête à 73 ans à rejoindre le Conseil Constitutionnel, il a dit avoir décidé un tel repli parce que "l’esprit public est devenu délétère".

L’ex-Premier ministre, un vieux routier de la politique où il est entré dans les années 70, s’est expliqué devant la presse et ses administrés bordelais, dans le Sud-Ouest de la France, sonnés par son départ impromptu, après avoir officiellement accepté mercredi de rejoindre le conseil des "sages" chargé de veiller au respect de la Constitution. Une décision qui est "pour moi un crève-coeur", a-t-il assuré.

Mais à un moment où les rues de Bordeaux subissent, samedi après samedi depuis trois mois, les assauts des casseurs en marge des manifestations de "gilets jaunes", Alain Juppé a dénoncé "la montée de la violence sous toutes ses formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques réputés +tous pourris+, la stigmatisation des élites dont tout pays a pourtant besoin".

"L’esprit public, la vie publique sont difficiles à vivre et lourds à porter", a insisté l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997). Fondateur de l’UMP, le parti de droite républicaine qui a succédé au RPR de Jacques Chirac, il avait été écarté par François Fillon de la course à la présidence pendant la primaire de la droite en 2016.

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, il s’était montré bienveillant, voire laudateur, à l’endroit du président de la République. Il est en outre en excellents termes avec son ancien poulain, le Premier ministre Édouard Philippe qui n’a jamais renié son "juppéisme", synonyme de la recherche d’un certain consensus.

Autrefois considéré comme sévère et austère, Alain Juppé a cultivé avec les années une image de grand modéré, à l’opposé de la ligne dure et nationaliste incarnée par Laurent Wauquiez chez Les Républicains, le parti de droite qu’il a d’ailleurs fini par quitter il y a quelques semaines.

Il rejoindra le Conseil constitutionnel début mars, succédant à un autre ex-Premier ministre, M. le socialiste Lionel Jospin.

Aux commandes de la ville de Bordeaux depuis un quart de siècle, il avait été contraint d’interrompre son mandat après sa condamnation à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour "prise illégale d’intérêt" dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Il était alors parti enseigner à Québec entre 2005 et 2006.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite