Afghanistan : Guterres appelle à des « pourparlers de paix directs » avec les talibans

Le chef de l’ONU Antonio Guterres a appelé mercredi le gouvernement afghan et les talibans à entamer des « pourparlers de paix directs », tandis que le président afghan Ashraf Ghani a annoncé la constitution d’une « équipe de négociation » de 12 personnes.

Dans un discours lu par la sous-secrétaire générale de l’ONU à l’ouverture d’une réunion ministérielle sur l’Afghanistan à Genève, M. Guterres a jugé que "trouver une solution politique est plus urgent que jamais".

"Au moment où nous parlons, nous avons peut-être une rare occasion d’entamer des pourparlers de paix directs entre le gouvernement afghan et les talibans. Nous ne devons pas la rater", a-t-il souligné.

Présent à l’ouverture des débats à Genève, le président afghan a déclaré qu’une "feuille de route pour les négociations de paix" avait été établie. "Nous avons mis en place les organes et les mécanismes nécessaires pour parvenir à un accord de paix", a-t-il dit, précisant qu’une équipe de négociation de 12 personnes avait été constituée, dirigée par son chef de cabinet Abdul Salam Rahimi.

"Nous recherchons un accord de paix dans lequel les talibans afghans seraient inclus dans une société démocratique et inclusive", a-t-il souligné.

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a de son côté affirmé à Genève que l’Afghanistan se trouvait à "un moment critique de son histoire". "Nous pensons qu’il est temps que des pourparlers concrets commencent", a-t-elle relevé.

Le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a quant à lui affirmé que la Suisse était "disposée à accueillir tout cycle de pourparlers".

Dans son discours, M. Guterres s’est félicité des "récents efforts de paix, y compris de l’offre du gouvernement de tenir des pourparlers sans conditions préalables".

"Nous nous félicitons également des initiatives prises par différents Etats membres en faveur de la paix", a-t-il poursuivi.

Les talibans ont intensifié en 2018 leurs attaques contre les forces de sécurité afghanes, alors même que les Etats-Unis redoublent d’efforts pour les engager dans des pourparlers de paix.

Les insurgés afghans ont évoqué au moins trois réunions ces derniers mois avec des responsables américains au Qatar, mais la diplomatie américaine n’a ni confirmé ni démenti ces discussions directes.

La diplomatie américaine a toujours assuré ne pas vouloir s’engager dans des discussions directes avec les talibans, refusant de se substituer au gouvernement afghan.

Et l’envoyé américain pour la paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a dit à la mi-novembre espérer un accord de paix dans les cinq mois, invitant "les deux parties à s’organiser pour saisir l’occasion de mettre l’Afghanistan sur la voie d’un règlement politique et de la réconciliation".

Ces commentaires soulignent qu’un sentiment d’urgence croissant règne à la Maison Blanche et parmi les diplomates américains qui souhaitent qu’un accord soit conclu rapidement. D’autant que les Etats-Unis sont confrontés à la concurrence de la Russie : ce mois-ci, Moscou a accueilli des pourparlers internationaux sur l’Afghanistan auxquels ont participé les talibans.

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