"Qu’il arrive aux Nations unies d’étouffer des situations ? Oui c’est un vrai problème, et c’est récurrent!", s’emporte auprès de l’AFP Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la FIDH.
"Il y a ce problème de faire remonter les informations, d’éviter de dénoncer certains crimes pour éviter de gêner les négociations de paix", poursuit-il, évoquant de "vrais blocages".
Les Nations unies avaient ouvert une enquête au printemps 2014 et recueilli des témoignages d’enfants centrafricains accusant d’agressions sexuelles des militaires français de l’opération Sangaris.
Anders Kompass, un cadre humanitaire suédois des Nations unies avait transmis en juillet aux autorités françaises, au mépris des procédures de l’organisation selon elle, un rapport intitulé "Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales" en réaction à l’inaction de l’ONU.
Il a été suspendu le 17 avril et fait depuis l’objet d’une enquête des Nations unies.
Florent Geel estime que l’ONU se tait "en particulier sur la question des crimes sexuels commis par les casques bleus".
"Lorsque cela arrive, ils mettent en place des +process+ internes pour que ça se sache rarement ou jamais", explique le responsable.
"Ce fonctionnaire suédois n’est pas un téméraire, il a trente ans de carrière (…) il a dû agir ainsi parce que ça touchait la France: quand ça touche le Tchad, il n’y a jamais de suite. Là ça touche la France, où il y a une justice indépendante, ça peut permettre de faire bouger les choses".
"Si les faits sont avérés, on condamne avec la plus grande fermeté", ajoute-t-il, insistant sur l’"importance de l’investigation": "on met en garde sur la véracité des faits (…) la question des témoignages en Centrafrique est toujours délicate puisque l’implication de l’armée française fait débat en Centrafrique même, il y a pas mal d’intérêts à entacher l’armée française", souligne-t-il.