Le Premier ministre turc répète que seuls les Syriens peuvent passer la frontière turque pour combattre à Kobané
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répété mercredi que seuls les Syriens étaient autorisés à franchir la frontière de son pays pour aller combattre à Kobané assiégée par les jihadistes, rejetant l’appel de la France à ouvrir plus largement le passage.
Le président français François Hollande a estimé que la Turquie devait "absolument ouvrir sa frontière" à des renforts pour empêcher la chute de la ville kurde syrienne. Mercredi, son Premier ministre Manuel Valls a insisté en exhortant Ankara à prendre "toutes les mesures qui s’imposent" pour sauver Kobané (Aïn al-Arab en langue arabe).
"Il n’est pas acceptable de nous demander d’ouvrir nos frontières sans définir précisément ce que cela signifie", a répondu le chef du gouvernement turc.
"Il n’est pas acceptable d’affirmer que cette crise existe juste parce que la Turquie n’ouvre pas ses frontières", a-t-il poursuivi. "C’est facile de parler depuis Paris. Est-ce qu’ils savent seulement ce qui se passe sur le terrain ?"
"Nous ne laissons pas les citoyens turcs entrer en Syrie parce que nous ne voulons pas qu’ils prennent part au conflit syrien. Et nous essayons de bloquer ceux qui tentent de le faire illégalement", a insisté M. Davutoglu, "c’est contraire à nos lois constitutionnelles".
Ankara interdit aux combattants rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à la pointe du combat contre le groupe État islamique (EI) en Irak, de rejoindre Kobané par son territoire, provoquant la colère des Kurdes de Turquie.
Le gouvernement turc refuse jusque-là d’intervenir militairement contre les jihadistes de crainte de favoriser par ricochet le régime du président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire, et de renforcer la position des Kurdes.
Le PKK mène depuis 1984 en Turquie une rébellion qui a fait 40.000 morts.
M. Davutoglu a également affirmé mercredi qu’environ 300 combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice armée kurde de Syrie, avaient refusé de retourner à Kobané après avoir été accueillis en Turquie.
Ils "ont déposé les armes en arrivant ici (en Turquie) mais ils ne sont pas repartis alors que nous leur avons dit que la frontière était ouverte", a-t-il déclaré.
Le chef du gouvernement turc s’en est également pris à la France, qui a récemment reproché à Ankara de ne pas coopérer assez pour lutter contre les filières de jihadistes en provenance d’Europe qui entrent en Syrie par son territoire.
"Est-ce que nous devons ouvrir nos frontières à ceux qui viennent de France pour combattre à Kobané ?", a-t-il demandé, "comment allons-nous les contrôler si nous ouvrons nos frontières à tout le monde ?"