Crimée: le fossé se creuse, le sommet UE-Russie de Sotchi est annulé
L’Ukraine a continué jeudi à s’éloigner de la Russie, tandis que le président français François Hollande a annoncé l’annulation le sommet UE-Russie prévu en juin à Sotchi, signe d’une pression accrue de l’Occident sur Moscou.
« Il y a une suspension des relations politiques (…) la réunion UE-Russie ne peut avoir lieu dans ces conditions », a affirmé M. Hollande à son arrivée au sommet des dirigeants européens à Bruxelles qui doivent se pencher notamment sur la crise majeure provoquée par l’absorption de la Crimée par la Fédération de Russie,
A Moscou, rencontrant Vladimir Poutine, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit "très préoccupé".
"En tant que secrétaire général je ne peux être que très préoccupé par la situation", a déclaré M. Ban.
Mme Merkel a utilisé un langage plus précis. L’Union Européenne va allonger la liste des personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d’interdiction de visa et de gels des avoirs, a annoncé jeudi la chancelière allemande au Bundestag.
"En cas d’escalade, (…) nous sommes prêts à chaque instant à passer à la phase trois des sanctions et il s’agira sans aucun doute de sanctions économiques", a-t-elle ajouté.
Et, concernant le projet d’un sommet du G8 à Sotchi en juin, elle a estimé que "tant que les conditions politiques ne sont pas réunies", il n’y a "plus de G8, ni de sommet, ni de format en tant que tel".
Le parlement de Kiev a adopté jeudi une résolution proposée par le président par intérim Olexandre Tourtchinov. L’Ukraine "ne reconnaîtra jamais l’annexion" de la péninsule par la Russie, déclare ce document largement symbolique, et "ne cessera pas sa lutte pour la libération de la Crimée aussi longue et douloureuse qu’elle soit".
La veille, Kiev a annoncé plusieurs mesures ponctuant la rupture avec Moscou, dont l’instauration de visas pour les Russes et le retrait de la CEI, organisation de onze républiques de l’ex-URSS.
Dans ce contexte, la libération par les autorités de la Crimée du commandant en chef de la marine ukrainienne, détenu mercredi par les forces russes ayant occupé le QG des forces navales ukrainiennes à Sébastopol, est peu susceptible de détendre les relations avec Moscou, même si c’est le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui est intervenu personnellement en faveur du contre-amiral Serguiï Gaïdouk.