Attentats de Paris: trois équipes, des liens avec la Syrie, une enquête franco-belge

L’enquête sur les attentats de Paris vendredi, qui ont fait 129 morts selon un bilan provisoire, se partage entre la France et la Belgique où vivaient une partie des suspects. Avec la guerre en Syrie comme toile de fond.
Comment se sont organisées les trois équipes? Les attaques ont-elles en partie été fomentées en Belgique?

Les enquêteurs travaillent sur l’hypothèse de trois équipes.

La première à frapper a été celle des kamikazes aux abords du Stade de France. Le premier s’est fait exploser à 21H20 (20H20 GMT), alors que le match était en cours. Les deux autres déclenchent leur ceinture explosive dix minutes plus tard et 33 minutes plus tard. L’un d’entre eux, un Français de 20 ans résidant en Belgique, a été identifié. Selon une source proche de l’enquête, il s’appelle Bilal Hadfi.

Reste à savoir pourquoi l’opération a été déclenchée pendant le match, alors que les abords du Stade étaient quasi déserts. Des explosions après la rencontre, alors que la foule sortait, auraient pu faire un carnage. Selon le secrétaire d’Etat français aux Sports Thierry Braillard, "ils ont voulu pénétrer dans l’enceinte, mais n’ont pas pu". Cette hypothèse n’est jusqu’à présent pas confirmée, selon des sources proches de l’enquête.

La deuxième équipe est entrée vers 21H40 (20H40 GMT) à la salle de concerts du Bataclan. Trois assaillants sont morts après l’assaut des forces de l’ordre. Parmi eux, un Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï. Sept de ses proches sont en garde à vue.

Selon une source proche du dossier, la troisième équipe a sans doute mené les trois fusillades qui ont semé la mort dans des bars et restaurants dans l’Est de Paris de Paris à 21H25, puis 7 minutes plus tard et encore quatre minutes plus tard.

Par ailleurs, Brahim Abdeslam, un Français de 31 ans résidant aussi en Belgique s’est fait exploser devant un bar du boulevard Voltaire dans l’est parisien. Faisait-il partie d’une équipe? Pourquoi a-t-il déclenché sa ceinture à cet endroit?

Il est l’un des trois frères résidant en Belgique qui intéressent les enquêteurs: le deuxième est en garde à vue en Belgique et un troisième, Salah Abdeslam, 26 ans, est peut-être en fuite. Bruxelles a émis un mandat d’arrêt international à son encontre et la police française a lancé un appel à témoin, diffusant sa photo.

En Belgique, sept personnes sont en garde à vue et l’enquête se concentre sur la commune bruxelloise de Molenbeek. Les auteurs de plusieurs attentats jihadistes, dont le responsable présumé de la tuerie au Musée juif de Bruxelles en 2014, Mehdi Nemmouche, ont séjourné dans ce quartier populaire, considéré comme une plaque tournante des jihadistes en Europe.

La connexion syrienne

Les jihadistes partis en Syrie sont depuis 2012 la principale crainte des services antiterroristes. La France et la Belgique sont parmi les pays européens les plus concernés.

Objet d’une fiche de signalement comme personne radicalisée en 2010, mais passé sous les radars depuis, Mostefaï a très vraisemblablement séjourné en Syrie en 2014. En est-il revenu avec des instructions?

Quid des autres auteurs présumés des attaques? A-t-on affaire à un commando de vétérans du jihad dans les zones irako-syriennes? Au Bataclan, les kamikazes ont évoqué l’Irak et la Syrie.

Un passeport syrien, au nom d’Ahmad al-Mohammad, 25 ans, a été retrouvé au Stade de France. Un homme en possession de ce document a été enregistré sur l’île grecque de Leros le 3 octobre. Il a déposé une demande d’asile en Serbie et sa trace a été perdue en Croatie. Son nom est inconnu des services antiterroristes français. Les Français restent prudents sur les conclusions: le passeport est-il authentique? Peut-il avoir été volé ou vendu?

Quelles complicités?

Les auteurs des attaques bénéficiaient d’armes, dont des kalachnikov retrouvées dimanche dans une voiture Seat à Montreuil, dans la banlieue est de Paris. Il y a forcément un artificier impliqué qui a confectionné les ceintures d’explosifs. Figure-t-il dans les morts? Des spécialistes, qui ne participent toutefois pas à l’enquête, en doutent.

Enfin les commanditaires. Les attaques ont été revendiquées par l’Etat islamique (EI) qui n’a jamais assumé d’actions terroristes dont il n’est pas à l’origine. Dans la plupart des actes récents ou des projets d’attentats, il y a trace d’échanges entre les auteurs et des interlocuteurs francophones en Syrie.

La coopération entre Européens

C’est sans doute un des grands points faibles de l’antiterrorisme européen et il semble avoir été bien identifié par l’EI qui a récemment appelé ses militants en Europe à frapper des pays voisins du leur, où ils sont moins susceptibles d’être connus et repérés.

L’enquête sur le carnage évité fin août dans le Thalys a montré des faiblesses dans ces échanges d’informations entre services. Il est encore trop tôt pour savoir si cela a été un élément dans la préparation de ces attentats. Mais la question sera posée.

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