Décès d’Yves Bonnefoy, grande figure de la poésie contemporaine
Yves Bonnefoy, l’un des grands noms de la poésie contemporaine, également critique d’art et traducteur, est mort à l’âge de 93 ans, a-t-on appris samedi auprès du Collège de France où il était professeur honoraire.
Sur Twitter, nombre de ses admirateurs dans le monde entier ont salué sa mémoire en citant ses vers.
Auteur de plus de 100 livres, traduit en une trentaine de langues, il a été lauréat en France du Grand prix de poésie 1981 de l’Académie, du prix Goncourt 1987 de la poésie et a remporté le prix mondial Cino del Duca 1995.
Yves Bonnefoy est né le 24 juin 1923 à Tours, dans le centre-ouest de la France, d’un père ouvrier-monteur aux ateliers des chemins de fer et d’une mère institutrice.
A partir de 1943, après des études de mathématiques, il étudie à Paris l’histoire de la philosophie et des sciences, sous la houlette de Gaston Bachelard et de Jean Hyppolite.
Il adhère un temps au surréalisme mais reproche à l’écriture automatique de s’écarter du réel pour bâtir un monde clos de signes et d’images.
A 30 ans, sa réputation est lancée avec la publication de "Du mouvement et de l’immobilité de Douve", un recueil à contre-courant de l’époque, marqué par le dépouillement et une quête intérieure qui range déjà son auteur parmi les plus grands poètes français. Ce recueil, salué par la critique, paraît au Mercure de France, un de ses éditeurs historiques.
Il signe ensuite notamment "Hier régnant désert" (1958), "Pierre écrite" (1965), "Dans le leurre du ciel" (1975), "Ce qui fut sans lumière" (1987), "La vie errante" (1993), "L’encore aveugle" (1997) ou "Les planches courbes" (inscrit au programme du bac au début des années 2000).
Très actif en dépit de son âge, on lui devait encore cette année "L’écharpe rouge" (poésie) et "La poésie ou la gnose" (essai).
Sa poésie, grave et généreuse, attentive aux sonorités, avait remporté l’adhésion de la critique et de fidèles lecteurs, séduits par son goût du "sensible" et son refus du "concept" ou de "l’abstrait".
Regard métallique, visage raviné sous une crinière blanche, Yves Bonnefoy a aussi analysé dans ses ouvrages la poésie des autres ("Notre besoin de Rimbaud"), l’art italien ("Rêve fait à Mantoue", "Rome 1630") ou la peinture ("Giacometti", "Goya, les peintures noires").
C’est enfin le traducteur de l’essentiel du théâtre de Shakespeare (traductions précédées de lumineuses préfaces) mais aussi de Yeats, Pétrarque ou Georges Seferis, qui fut son ami.
Avec AFP