Mohamed Abrini arrêté : le lien entre les attentats de Paris et Bruxelles avéré
Suspecté d’être un logisticien des attaques parisiennes, ce Belgo-Marocain de 31 ans pourrait être « l’homme au chapeau », aperçu à l’aéroport de Bruxelles.
Le nom de ce Belgo-Marocain de 31 ans est revenu au premier plan après son arrestation lors d’une discrète opération de police vendredi après-midi dans la commune bruxelloise d’Anderlecht, en pleine rue, par des agents en civil cagoulés, selon une vidéo présentée par les médias comme celle de son interpellation. La justice belge se demande si cet homme, jusqu’alors soupçonné d’être un des logisticiens des attaques parisiennes, n’est pas « l’homme au chapeau », le troisième homme du double attentat-suicide à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem le 22 mars.
Ami des frères Abdeslam
Difficile de se faire une idée en examinant les images diffusées jeudi par la police sur le parcours de deux heures effectué à pied par le suspect après qu’il a quitté l’aérogare juste avant les explosions. Des traces du passage de Mohamed Abrini ont été retrouvées dans deux logements à Schaerbeek, une autre commune de Bruxelles. Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris, est passé dans l’un de ces logements et le commando de l’aéroport de Bruxelles est parti de l’autre habitation, située rue Max Roos. Également recherché par les autorités françaises, Mohamed Abrini est pour l’instant au cœur de l’enquête belge, a indiqué samedi à l’Agence France-Presse une source proche du dossier. Sa garde à vue peut durer 24 heures et est reconductible.
En près de cinq mois, l’enquête a révélé les liens d’Abrini avec les attaques parisiennes : possible soutien logistique, cet ami et voisin d’enfance des frères Salah et Brahim Abdeslam à Molenbeek, commune sensible de Bruxelles, a notamment été filmé en compagnie de Salah dans une station-service de l’Oise (nord de Paris) dans la voiture qui servira à convoyer les kamikazes au Stade de France deux jours plus tard.
Osama K. interpellé
Un des mystères de l’enquête a été partiellement résolu : l’identité de Naïm Al Hamed, dont les empreintes ont été retrouvées rue Max Roos. Il s’agit d’Osama Krayem, a confirmé une source proche du dossier. Ce dernier avait été enregistré sous le nom de Naïm Al Hamed le 20 septembre sur l’île grecque de Leros avec un flot de réfugiés. Les enquêteurs ont remonté son parcours jusqu’à début octobre en Allemagne, où une voiture louée par Salah Abdeslam est venu le récupérer. Reste à savoir s’il s’agit de l’individu qui s’adresse brièvement au kamikaze qui s’est fait exploser dans une station du métro de Bruxelles, Khalid El Bakroui. En tout cas, c’est ce même homme – encore non identifié – qui a acheté dans un centre commercial les sacs ayant servi au transport des bombes de l’aéroport.
Osama Krayem, 23 ans, a grandi dans le quartier populaire de Rosengård, à Malmö (Sud), comme le footballeur Zlatan Ibrahimovic, selon le quotidien suédois SydSvenskan. Il avait publié en janvier 2015 sur son compte Facebook des photos de lui en tenue de combat noire, brandissant une kalachnikov, un drapeau de l’organisation État islamique (EI) en arrière-plan. Une vidéo d’exécution avait également été publiée sur son compte, fermé depuis. Selon des sources policières citées par SydSvenskan, il était connu des services pour ses liens avec le crime organisé à Malmö.
« Chapeau la police »
Des quatre autres interpellés vendredi, seuls le prénom et les initiales d’un seul d’entre eux ont été divulgués : Hervé B. M., dont le rôle est pour l’instant inconnu. Des opérations de police se sont déroulées tard dans la soirée à Bruxelles, dans les communes d’Anderlecht et de Laeken.
Le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, dont la position a été fragilisée par les attentats, a félicité « tous les services de police et de sécurité ainsi que le parquet », vendredi sur Twitter, précisant que « la lutte contre le terrorisme continue ».
Même le Palais Royal a diffusé un message de félicitation, rare observation sur les affaires du pays, sur le réseau social. Dans son dessin pour la Libre Belgique, le caricaturiste Dubus montre « l’homme au chapeau » jeté au cachot. « On critique… mais la police belge… chapeau », dit ce personnage, en réponse aux reproches qui se sont multipliés à l’égard de la Belgique dans la chasse aux djihadistes.