La conférence de presse devait évoquer la "grave crise politique et sociale en Mauritanie" et les "maux dont souffre le pays", parmi lesquels "l’esclavage, le racisme, la corruption généralisée et la répression brutale", affirme un communiqué signé par Amnesty, l’ONG anti-esclavagiste en Mauritanie Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ou encore la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme.
Mais elle "n’aura finalement pas lieu à la date et à l’endroit initialement retenus" –un hôtel de Dakar–, "les autorités mauritaniennes et sénégalaise n’y étant pas favorables", ont expliqué samedi ces ONG.
Un porte-parole du gouvernement sénégalais n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter ces allégations.
"Nous regrettons la décision qui a été prise par les autorités sénégalaises, mais comme chacun sait, le Sénégal est un grand pays démocratique et une grande terre d’accueil pour tous les opprimés africains", a déclaré à l’AFP l’avocat français William Bourdon, qui devait intervenir lors de cette conférence de presse.
"L’expression de tous les acteurs démocratiques mauritaniens et de tous ceux qui les soutiennent se poursuivra évidemment", a-t-il ajouté depuis Dakar, en assurant qu’une conférence de presse se tiendrait "prochainement, à une date et un lieu qui seront communiqués très rapidement".
"L’amplification et l’aggravation de la répression en Mauritanie exigent évidemment une amplification de l’expression de tout ceux qui sont attachés au retour à l’Etat de droit et de la démocratie en Mauritanie", a ajouté Me Bourdon, qui préside l’association anti-corruption Sherpa et fait partie de l’équipe des avocats de deux opposants au régime du président mauritanien Ould Abdel Aziz visés par un mandat d’arrêt international.
Le chef de l’Etat mauritanien a entamé un bras de fer avec des sénateurs qui s’étaient opposés à son projet de réforme de la Constitution, finalement adopté début août lors d’un référendum boycotté par une partie de l’opposition.
Le sénateur meneur de la fronde, Mohamed Ould Ghadda, a été arrêté et inculpé en août. Le régime l’accuse de "corruption", assurant qu’il a reçu de l’argent des deux opposants, deux hommes d’affaires vivant au Maroc. Douze autres sénateurs, quatre journalistes et deux syndicalistes ont été placés sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette affaire.
Le Sénégal entretient des relations délicates avec son voisin mauritanien, Nouakchott accusant les pêcheurs artisanaux de Saint-Louis (nord du Sénégal) de violer régulièrement son espace maritime.
Les gardes-côtes mauritaniens ont interpelé jeudi une trentaine de ces pêcheurs, dont la moitié a été emmenée à Nouakchott pour audition, rapportait vendredi la presse mauritanienne.