Les émeutes suscitées par la mort du jeune Nahel (…) perturbent l’agenda diplomatique d’Emmanuel Macron, qui s’est résolu, samedi, à annuler sa visite d’État en Allemagne, prévue du 2 au 4 juillet, indique le journal, rappelant que vendredi, le chef de l’État était rentré précipitamment du Conseil européen, à Bruxelles, pour tenir une réunion de crise à Paris, sans tenir son habituelle conférence de presse à l’issue du sommet avec ses homologues des Vingt-Sept.
Alors que les relations franco-allemandes traversent une passe “difficile”, marquées par d’”importants désaccords” sur des dossiers majeurs, le report de ce voyage, qui était précisément censé montrer que ces divergences ne remettent pas en cause l’amitié unissant les deux pays, “tombe à un très mauvais moment”, soutient le journal.
Pour l’image de la France et de son président outre-Rhin, ce report est “d’autant plus négatif qu’il rappelle un précédent” : en mars, le nouveau roi d’Angleterre, Charles III, a dû effectuer en Allemagne son premier déplacement à l’étranger, alors qu’il avait prévu de se rendre auparavant en France. Une visite annulée à la dernière minute, déjà, en raison du climat tendu dans l’Hexagone, en pleine contestation de la réforme des retraites, rappelle la publication.
A l’époque, les manifestations contre la réforme des retraites avaient aussi perturbé une visite d’État d’Emmanuel Macron aux Pays-Bas, en raison de la présence de quelques militants d’extrême gauche à chaque étape, ou presque, du déplacement, note le journal, ajoutant qu’en Allemagne, les émeutes consécutives à la mort de Nahel sont suivies de très près par les autorités, tout comme l’avait été le mouvement contre la réforme des retraites, “les responsables allemands s’étonnant en privé, de “l’impuissance du gouvernement à faire accepter le recul de l’âge de départ, comme cela a été fait ailleurs sur le continent”.
Tout autant que le déchaînement des violences, ce sont leurs conséquences politiques qui “inquiètent beaucoup”, relève le quotidien, faisant valoir que si les images des villes en proie à de tels excès de violence interpellent, les interlocuteurs européens d’Emmanuel Macron sont parfois prompts à en tirer des conclusions définitives, dans l’idée, entre autres, de “contester les positions françaises”, poursuit-on.
Le journal rappelle que lors du dernier Conseil européen, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a invoqué les violences urbaines en France pour justifier la politique anti-immigration de son gouvernement, tandis qu’en Italie, Maurizio Gasparri, vice-président du Sénat et cadre de Forza Italia, en a profité pour tacler Gérald Darmanin (ministre français de l’intérieur), qui avait, en mai, mis en cause l’’’échec’’ du gouvernement Meloni sur le plan migratoire.
‘’Le ministre de l’Intérieur français nous a longuement expliqué comment gérer l’immigration. Un jour, ils mettent à feu et à sang Paris, un jour, les banlieues. Darmanin, si tu veux un coup de main, je te donne mon numéro’’, a-t-il lancé. Une façon de dire que la France n’a pas de leçons à donner, conclut-on.