Grandiloquence, lapsus, langue de bois,…un blogueur marocain a lancé le prix de l’humour politique.

Au Maroc, les petites phrases des responsables politiques ne passent plus inaperçues. S’inspirant du Club de l’humour, fondé par Jacqueline Nebout, une conseillère de Paris, en 1988, le blogueur marocain Larbi a lancé la première édition du Prix de l’humour politique. Les internautes ont été conviés à voter sur son site (www.larbi.org) pour désigner les auteurs des saillies les plus (involontairement) drolatiques.

Et les gagnants sont… Ex æquo, Abbas El Fassi, le Premier ministre, et Yasmina Baddou, la ministre de la Santé, qui ont recueilli chacun 25 % des votes. Le premier avait déclaré, lors des législatives de septembre 2007 : « Mon programme s’appelle Le discours du Trône de Sa Majesté. » À une question sur la surreprésentation de la famille Fassi Fihri au sein du gouvernement, qui lui était posée sur la chaîne de télévision 2M, Yasmina Baddou s’était indignée : « Est-ce que nos enfants seront interdits de travailler parce qu’ils portent le nom de Fassi Fihri ? Cette campagne raciste me rappelle le Dahir berbère de la colonisation. » Une réponse mélodramatique qui ne manquait pas de sel : Baddou est l’épouse d’Ali Fassi Fihri, le président de l’Office national de l’électricité, et la belle-sœur de Taïeb Fassi Fihri, le ministre des Affaires étrangères.

Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, décroche la deuxième place (20 % des votes). En pleine polémique sur l’interdiction d’un sondage publié par Tel Quel et qui portait sur les dix ans de règne de Mohammed VI, il avait affirmé, sur le plateau de France 24 : « Le Maroc est un îlot de démocratie et de liberté d’expression. » Le quotidien conservateur Attajdid arrive en troisième position (17 % des votes), avec cette phrase devenue culte : « L’invitation d’Elton John au festival Mawazine s’inscrit dans un complot visant à homosexualiser le Maroc. »