"Je ne suis pas surpris par l’ampleur de la manifestation", a déclaré M. Woerth, interrogé lors du journal télévisé de TF1, après les défilés qui ont rassemblé dans les rues de nombreux opposants au projet de loi repoussant l’âge légal du départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Le ministère de l’Intérieur a compté 1.120.000 manifestants dans 220 cortèges dans toute la France, les syndicats plus de deux millions et demi.
"C’est une manifestation importante", a reconnu le ministre du Travail lors du 20 heures. "On s’y attendait".
"Nous avons bien évidemment l’envie d’écouter. Il y a des attentes qui s’expriment", a observé Eric Woerth. Interrogé sur la prise en compte de la pénibilité, il a répondu: "nous allons avancer". Il a toutefois noté qu’"il y a déjà beaucoup dans ce texte sur la pénibilité".
"Demain (mercredi, NDLR), le président de la République (Nicolas Sarkozy) a demandé au Premier ministre (François Fillon), à moi-même, à Georges Tron (secrétaire d’Etat à la Fonction publique), de venir le rencontrer avant le Conseil des ministres", a rapporté Eric Woerth."Et pendant le Conseil des ministres, le président de la République fera une déclaration au Conseil des ministres sur les avancées que nous ferons sur ce texte. Il y aura donc des avancées", a promis le ministre du Travail, notamment "sur les polypensionnés".
"Mais les fondamentaux de la réforme, l’équilibre général de la réforme, il ne peut pas être remis en cause", s’est empressé d’ajouter Eric Woerth. "Partir à 62 ans, c’est normal aujourd’hui".
Une réunion intersyndicale doit se tenir mercredi après-midi pour décider des suites à donner au mouvement. "Nous allons naturellement tenir compte de ce que dira ou non le gouvernement sur sa posture après cette mobilisation", a déclaré le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, également sur TF1.
Son syndicat a recensé 2.735.000 manifestants dans toute la France. "Il n’y a aucun gouvernement qui peut minorer une mobilisation de cette ampleur", a-t-il estimé dans un entretien enregistré avant l’interview en direct d’Eric Woerth.
"Je suis convaincu que le gouvernement va devoir prendre quelques heures pour examiner cette situation et réfléchir à sa propre démarche, à sa propre stratégie", a analysé le cégétiste.
"Déjà la mobilisation est en train de produire de premiers effets", a-t-il assuré. "On est très loin naturellement d’une réelle prise en compte de la revendication syndicale", a noté Bernard Thibault. Mais "au fur et à mesure que la mobilisation augmente, millimètre après millimètre, les choses sont en train de bouger".