Dans un communiqué, l’électricien explique que les procédures prévues n’ont pas été respectées lors d’opérations réalisées "sur certaines soudures de générateurs de vapeur".
Les générateurs de vapeur sont d’énormes pièces qui servent d’échangeur thermique entre l’eau du circuit primaire et l’eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine produisant l’électricité dans une centrale nucléaire.
Cet éventuel défaut de fabrication concerne des matériels en service ainsi que des matériels neufs qui ne sont pas encore en service ou installés sur un site, précise le communiqué.
EDF n’a pas détaillé à ce stade quels sites étaient affectés. Mais cela ne concerne pas l’ensemble de son parc de 58 réacteurs, car l’électricien ne se fournit pas exclusivement auprès de Framatome pour ses générateurs de vapeur. Certains proviennent aussi de l’américain Westinghouse ou du japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI).
Interrogée par l’AFP, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui n’a été prévenue du problème que lundi soir tard, a fait état de son côté d’une "vingtaine de générateurs de vapeur fabriqués par Framatome à partir de 2008 qui sont potentiellement concernés".
EDF indique mener avec Framatome "des analyses approfondies pour recenser les matériels et les réacteurs concernés et en confirmer l’aptitude au service".
"Les experts de Framatome étudient la portée et les détails techniques avec EDF. Ces examens prennent du temps, mais nous nous engageons à être transparents et fournirons des informations supplémentaires lorsque disponibles", a indiqué une porte-parole de Framatome.
Dans l’immédiat, l’action EDF chutait de près de 7 % mardi en début d’après-midi à la Bourse de Paris.
Scandale au Creusot
Dans le détail, EDF indique dans son communiqué que Framatome l’a informé d’un "écart" entre ses procédures et le "référentiel technique de fabrication de composants de réacteurs nucléaires".
Le référentiel en question (dit "RCC-M") n’est pas propre à EDF. C’est un standard technique de fabrication pour l’ensemble de l’industrie nucléaire, a précisé un porte-parole du groupe.
Dans le cas présent, il s’agit du "non-respect de plages de températures sur certaines zones, lors d’opérations manufacturières dites de traitement thermique de détensionnement, réalisées sur certaines soudures de générateurs de vapeur".
Après avoir informé lundi l’ASN de ses premières analyses, EDF assure qu’il publiera des informations complémentaires "au fur et à mesure des caractérisations en cours".
Framatome est l’ancienne branche réacteurs du groupe Areva. A la suite de la réorganisation de la filière sous l’égide de l’Etat, l’entreprise est passée sous le contrôle d’EDF (75,5 %), aux côtés de Mitsubishi Heavy Industries (19,5 %) et Assystem (5 %).
Les équipements lourds comme les générateurs de vapeur sont assemblés dans son usine de Saint-Marcel (Saône-et-Loire). Elle se situe non loin de l’usine Framatome Creusot Forge, marquée par un scandale causé par des irrégularités dans la fabrication de composants nucléaires. Certaines pouvaient s’apparenter selon l’ASN à des falsifications.
Les difficultés de l’industrie nucléaire française sont aussi illustrées par les déboires du chantier du réacteur EPR de Flamanville (Manche), dont la mise en service sera encore retardée d’au moins trois ans à la suite de problèmes de soudures.
Deux EPR sont toutefois déjà entrés en service commercial à Taishan en Chine, dont l’un le week-end dernier, preuve que cette technologie fonctionne selon la direction d’EDF.