L’exécutif s’est employé ces derniers mois à convaincre assureurs et banquiers de diriger plus d’argent vers les jeunes entreprises en forte croissance du secteur technologique à travers de grands fonds de capital-risque.
Emmanuel Macron annoncera les engagements pris par les investisseurs, qui se chiffreront en milliards d’euros, selon l’Elysée.
"Nous avons besoin d’investisseurs qui sont prêts à prendre plus de risques, dans le prolongement des efforts qui ont été faits depuis deux ans" pour créer un environnement plus favorable à l’investissement en France, estime l’Elysée.
Objectif: stimuler la création d’emplois dans le secteur technologique et dans l’économie en général, explique-t-on de même source.
"Aux États-Unis, entre un tiers et la moitié des créations nettes d’emplois sont liées directement ou indirectement à la technologie", alors qu’en France, le ratio est sans doute plus proche de 10 %, répète souvent le secrétaire d’État au numérique Cédric O.
Depuis quelques années, les fonds d’investissement français capables de miser jusqu’à plusieurs millions d’euros dans une start-up se sont multipliés. Mais ceux pouvant miser plusieurs dizaines, voire une centaine de millions d’euros sur une entreprise prometteuse restent très rares.
En juin, un rapport de Philippe Tibi, ancien président de l’association française des marchés financiers, estimait qu’il faudrait créer en France une dizaine de fonds disposant chacun d’un milliard d’euros d’ici trois ans, pour répondre aux besoins.
Faute de trouver des capitaux en France, les jeunes pousses françaises en pleine croissance se tournent souvent vers les fonds d’investissement américains, aux poches plus larges.
Nasdaq européen
Les experts regrettent également l’absence en France ou en Europe d’un marché boursier dynamique pour les valeurs technologiques, à l’image du Nasdaq américain.
Plusieurs entreprises françaises ou d’origine françaises ont ainsi choisi ces dernières années de se lancer en Bourse à New York et non en Europe, car elles savaient pouvoir y trouver des investisseurs expérimentés et prêts à beaucoup plus les valoriser que leurs homologues européens.
C’est la cas par exemple du spécialiste français de la publicité ciblée Criteo, introduit sur le Nasdaq en 2013, ou de l’éditeur de logiciels Talend, qui s’y est lancé en 2016.
"La dernière introduction en Bourse d’une entreprise technologique française à plus d’un milliard d’euros [de valorisation], c’est Dassault Systèmes en 1996", regrettait récemment Cédric O.
Pour faire face à cette carence, le président de la République doit lancer un appel aux investisseurs institutionnels pour qu’ils constituent à Paris des équipes d’investisseurs en Bourse spécialisés dans la tech.
Ces équipes commenceraient par apprendre le métier sur le Nasdaq avant de revenir d’ici quelques années en Europe pour lancer un marché européen.
Après s’être exprimé devant les entreprises françaises, Emmanuel Macron dînera à l’Elysée avec une quarantaine de représentants de grands investisseurs internationaux, à qui il présentera les efforts faits en France pour développer le secteur technologique.
D’autres annonces seront faites par l’exécutif mardi soir ou mercredi, à l’occasion du France Digitale Day, un grand rassemblement de start-up et de fonds d’investissements au Musée des Arts forains à Paris.
Le gouvernement dévoilera ainsi la liste des entreprises retenues pour figurer dans le Next 40, regroupant les 40 jeunes pousses les plus prometteuses et les plus susceptibles de devenir peut-être un jour des "licornes", des entreprises à croissance rapide dont la valeur dépasse le milliard de dollars.
Ces entreprises bénéficieront d’une visibilité accrue au sein du gouvernement de l’administration: elles seront par exemple favorisées pour se joindre aux voyages officiels du président et des responsables gouvernementaux à l’étranger, explique-t-on à l’Elysée.
Le gouvernement doit également annoncer des mesures destinées à aider les entreprises à trouver les ingénieurs et techniciens dont elles ont besoin. Le gouvernement estime qu’il y a environ 80.000 postes non pourvus dans le numérique à l’heure actuelle et que ce chiffre pourrait monter à 200.000 dans les prochaines années.