Les forces régulières de Mouammar Kadhafi, qui tenaient encore en début de matinée la porte Ouest de la ville, se sont repliées sur la petite ville portuaire de Brega, en direction du sud-ouest le long de la route côtière.
A Tripoli, le gouvernement libyen a déclaré que les forces régulières avaient décidé de quitter la ville après des raids aériens des pays de la coalition occidentale.
Dans la foulée, les insurgés ont pris le contrôle de la porte Est vendredi soir, puis de la porte Ouest samedi à l’aube, a rapporté l’un d’eux, Saïf Sadaoui, 20 ans, un lance-roquettes à la main. "La totalité d’Ajdabiya est libre!", s’est-il réjoui.
"Sans les avions (étrangers), on n’aurait pas pu le faire. Les armes de Kadhafi sont d’un autre niveau", a confié Ahmed Faraj, 38 ans, un autre insurgé. "Avec l’aide de l’aviation, on va foncer vers Tripoli, si Dieu le veut".
Sur la route qui mène à la ville, on pouvait voir samedi au moins huit chars de Kadhafi carbonisés. Après une semaine de siège, sans eau et sans électricité, les habitants ont fêté ce revirement avec un concert de klaxons et des coups de feu en l’air. Certains agitaient le drapeau tricolore de la rébellion.
Le général américain Carter Ham, commandant de l’Africom, le commandement régional des forces américaines en Afrique, a expliqué à l’Associated Press que les avions de la coalition auraient "pu facilement détruire les forces du régime Kadhafi" à Ajdabiya, mais que la ville aurait été touchée. "Nous aurions alors tué les gens que nous étions censés de protéger", a-t-il dit, joint depuis le QG de l’Africom à Stuttgart.
Parallèlement, un habitant de Zouara, près de la frontière avec la Tunisie, a affirmé que les forces de Kadhafi menaient de nombreuses arrestations dans sa ville et à Zaouïra, toutes deux à l’ouest de Tripoli, parmi ceux ayant participé aux manifestations anti-Kadhafi depuis le 15 février.
"Ils ont des listes de manifestants, des vidéos et tout", a-t-il dit sous couvert d’anonymat. "On reste tous cloîtrés chez nous et on attend que ça se passe", a-t-il ajouté en affirmant qu’un de ses amis avait ainsi été arrêté vendredi. Ce dernier est accusé d’avoir aidé à mettre en place des barrages routiers lorsque l’opposition a tenu un temps la ville.
"Ils sont arrivés à bord de quatre ou cinq voitures avec chacune quatre personnes à bord, tous armés jusqu’aux dents, avec des Kalachnikov. Ils ont encerclé sa maison et l’ont emmené", a ajouté ce résidant qui fait état d’une peur grandissante. "Ca montre que ce régime a des collaborateurs qui lui donnent des noms. C’est un peu une démonstration façon Big Brother, ils viennent et prennent qui ils veulent".