Tunisie: Alliot-Marie sommée de s’expliquer sur ses propos
« Il faut qu’on arrête de l’accabler, c’est une bonne personne et un bon ministre », confiait hier à atlasinfo.fr un proche du président français Nicolas Sarkozy à propos de Michelle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères.
Auditionnée, mardi 18 janvier, par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, elle s’est expliquée sur son offre de coopération policière à l’ex-régime du président Ben Ali.
«Mon propos, nécessairement bref a pu être mal interprété et parfois déformé.», s’est-elle justifiée devant devant les députés de la commission des affaires étrangères, soutenant qu’elle n’avait "voulu dire qu’une chose : « ma sensibilité aux souffrances des Tunisiens dans ces manifestations". "J’ai dit en substance que je déplorais l’usage disproportionné de la force", a-t-elle plaidé.
« Il est évidemment inenvisageable que la France prête son concours direct aux forces de l’ordre d’un autre pays», a-t-elle ajouté en se disant "scandalisée que certains aient voulu déformer ses propos."
Répondant aux critiques de l’opposition sur la réaction tardive du gouvernement, la ministre lance : «Nous devons tous faire preuve de modestie. La France, pas plus que les autres pays, n’avaient vu venir les événements. Soyons honnêtes, nous avons tous été surpris».
Face aux « donneurs de leçons », Le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, ne s’est pas privé de reprocher aux socialistes l’exclusion tardive du RCD [Rassemblement constitutionnel démocratique, ndlr] de l’Internationale socialiste, qui n’est intervenue qu’hier.
Mais l’opposition ne compte pas lâcher prise. Europe Ecologie vient de demander à son tour la démission de la ministre des affaires étrangères. Dans un communiqué intitulé "Michèle Alliot-Marie, démission !", Jean-Louis Roumégas, porte-parole du parti écologiste, estime que "pour avoir proposé « le savoir faire » de nos forces de sécurité aux autorités tunisiennes, la ministre des affaires étrangères n’est pas excusable". "Ce que révèlent les propos de la ministre UMP. »
Martine Aubry a également rejoint le camp des critiques et a jugé que Mme Alliot-Marie "devrait elle-même tirer les conséquences d’une faute aussi grave, qui nous fait perdre de la crédibilité, pas seulement en Tunisie".
Ce à quoi répond le premier ministre François Fillon : "J’entends les critiques que vous formulez et je pourrais, pour y répondre, citer de larges extraits du très beau discours de Lionel Jospin en octobre 1997 lorsqu’il recevait à Matignon le président Ben Ali. Je pourrais aussi évoquer le satisfecit donné au gouvernement Ben Ali par Dominique Strauss-Kahn en octobre 2008 mais je ne le ferai pas parce que ce n’est pas à la hauteur du défi que le peuple tunisien doit relever !