Interrogé samedi à son arrivée à une réunion publique à Fréjus, il a assuré avoir voulu exprimer "idée (…) qu’il y a des petites scènes du quotidien qui sont autant de petites blessures, de petites souffrances qui, parfois, sont plus grandes qu’on ne le croit".
"Je trouve que le rôle d’un responsable politique, c’est à la fois de le dénoncer et, lorsqu’il est républicain, comme c’est mon cas, de proposer des réponses", a-t-il dit. "Les réponses, elles existent. Elles appellent à la fois la fermeté mais aussi l’ouverture d’esprit, la lutte contre toutes les formes d’ignorance et puis de tout faire pour éviter les amalgames".
Car, a-t-il ajouté, "il y a derrière ce type de comportements une volonté d’instrumentaliser les religions alors que les religions n’ont rien à voir avec tout cela lorsqu’elles sont pratiquées dans le cadre de la République, elles sont toutes respectables".
Vendredi soir, en meeting à Draguignan (Var), il avait déclaré "comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes, pères ou mères de famille, rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan".
"Il est des familles de France qui vivent en silence leur souffrance et à qui personne ne parle jamais autrement qu’en les stigmatisant et en les traitant de tous les noms, au point qu’ils sont obligés aujourd’hui de baisser la tête et de partir, s’ils peuvent, le plus loin possible alors qu’ils sont citoyens de la République française", avait insisté le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne).
Jean-François Copé avait déjà suscité la controverse fin septembre en s’élevant, dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée", contre le "racisme anti-blanc" qui règne selon lui dans certains quartiers. Un ouvrage dans lequel il évoquait déjà le cas de jeunes de banlieues à qui on arrache le goûter en période de ramadan.
"C’est pathétique, le ramadan a eu lieu cette année en août, c’est-à-dire hors période scolaire", réagissait-on samedi à SOS Racisme, relevant "une agression stigmatisante tous les deux jours de la part de M. Copé".
"Comme il s’engage sur cette voie, on va avoir ce genre de propos jusqu’aux résultats de l’élection au congrès de l’UMP, et il est prêt à tout pour gagner", accusait-on en dénonçant "une mauvaise foi sans nom" qui avait déjà pris la forme d’"une récupération d’un concept d’extrême droite".
"Ce n’est pas à SOS Racisme de nous dire quel type de racisme il convient de combattre", soulignait vendredi sur son compte Twitter le secrétaire général de l’UMP à l’occasion de son meeting de Draguignan.
Interrogée samedi sur RTL, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a vu dans ces déclarations "une volonté manifeste de Jean-François Copé d’instrumentaliser un sujet beaucoup trop important pour être instrumentalisé", à savoir "la question du vivre ensemble". "Il faut en prendre chacun des aspects (…), il faut se poser sérieusement la question: comment on fait pour que les Français vivent bien? (…) Le jour où il voudra s’exprimer sereinement au lieu de chercher à exploiter les peurs et les fantasmes, alors je serai prête à l’écouter", a-t-elle conclu.
Le porte-parole du PS, David Assouline, a pour sa part estimé sur iTélé que "dans ce pays, il y a les courageux, qui tentent de recoudre, de rassembler, d’apaiser, et il y a ceux qui s’abandonnent en mettant de l’huile sur le feu et en divisant". Jean-François Copé "montre chaque jour qu’il est dans cette catégorie, et je trouve ça lamentable", a-t-il asséné.
A Fréjus, l’intéressé a observé que "le seul émoi" provoqué par ses propos était venu de "la gauche bien pensante qui, comme d’habitude, donne des leçons sans jamais voir ce qui se passe sur le terrain".
"Mon propos, il est de raconter les souffrances du quotidien pour bien rappeler que cela n’a rien à voir avec les religions (…) et je pense que le dire, le dénoncer et, quand on est républicain comme je le suis, proposer des solutions, ça, ça fait la différence", a expliqué le rival de François Fillon pour la présidence de l’UMP.