"Ce n’est pas quelque chose qui se fait au détriment de la France", a affirmé M. Ghosn sur la radio RTL, mais "qui vient au contraire ajouter à la charge de travail en France (…) dans nos ingénieries, dans nos usines moteur, au niveau de nos fournisseurs". "Et en même temps, nous localisons en France des produits à plus haute valeur ajoutée comme les voitures électriques, les batteries", a poursuivi M. Ghosn.
Le patron de Renault a expliqué que "toutes les productions de cette usine sont des productions que nous qualifions de +low cost+ (…) donc il fallait aller dans des pays dans lesquels il y avait d’un côté une main d’oeuvre abondante, qualifiée, et aussi des coûts extrêmement compétitifs".
"La question du positionnement d’une usine comme cela en Europe de l’Ouest et particulièrement en France ne se posait même pas dès le départ puisque c’était incompatible avec le concept", a-t-il poursuivi en réitérant son engagement à augmenter la production de Renault en France. "Comme vous le savez, je me suis engagé à ce que sur le moyen terme, la production en France de Renault augmente tous les ans", a-t-il dit.
M. Ghosn a également insisté sur l’absence de concurrence entre les marques Renault et Dacia. "Je ne pense pas que Dacia soit concurrente de Renault (…) Les clients ne sont pas les mêmes", a-t-il déclaré. Dacia "est au contraire une marque de conquête qui nous permet de rentrer dans les pays émergents et de préparer la venue de la marque Renault en permettant à des personnes qui n’ont pas beaucoup de disponibilités financières pour acheter un véhicule de rentrer dans la marque Dacia et après d’émigrer vers Renault", a-t-il affirmé.
M. Ghosn doit inaugurer jeudi en présence du roi du Maroc cette usine géante à Tanger, d’où sortiront entre 150.000 et 170.000 véhicules par an quand elle tournera à plein. Les boîtes de vitesse et les moteurs, comme d’autres composants, ne sont pas fabriqués sur place mais importés de France, d’Espagne et de Roumanie. A terme, 6.000 salariés travailleront dans cette usine.
Pour le gouvernement marocain, le site doit permettre de développer une industrie automobile pour l’instant quasi inexistante dans le royaume (hormis l’usine de Somaca à Casablanca) et d’y attirer des sous-traitants pourvoyeurs d’emplois.
Exonéré d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans et de taxes d’exportation, l’Etat marocain a aussi mis à disposition du groupe français les infrastructures (autoroute et rail) et financé un centre de formation pour le personnel.
Pour Renault, l’usine est aussi d’un enjeu primordial. C’est sa première inauguration depuis celle de Curitiba, en 1998 au Brésil. Tanger, où le groupe a investi environ 1 milliard d’euros, est destiné à devenir un pôle central dans son développement.
Le terrain de 300 hectares se situe à 30 kilomètres du nouveau port de Tanger Med et à quelques encablures des côtes espagnoles. Dans un premier temps, entre 150.000 et 170.000 véhicules seront produits chaque année sur une ligne de montage, avec trois équipes se relayant.
Une seconde ligne est prévue à partir de 2013 pour faire monter la production annuelle à 340.000 unités, voire à 400.000 en travaillant des week-ends. Cela en ferait, en terme de capacité, l’équivalent des sites de Flins (Yvelines) ou de Douai (Nord) en France.