2012 sera l’année de tous les espoirs pour redynamiser l’UMA

Le premier signe de cette dynamique vertueuse qui annonce un changement de cap, concerne le consensus ressenti au niveau des capitales maghrébines pour l’activation de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Dans cette même logique, les horizons se dessinent pour la tenue prochainement d’un sommet maghrébin dont les préparatifs seront au centre de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’UMA, prévue le 18 février à Rabat.

La rencontre traduit la détermination des pays de la région de transcender le blocage actuel et d’examiner les mécanismes à mettre en oeuvre pour assurer une relance de l’édifice maghrébin. Contexte régional et international oblige, les cinq pays de la région (Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie et Libye) ont multiplié des signes positifs pour réactiver le traité de Marrakech portant création de ce groupement (17 février 1989).

A la veille de la célébration du 23è anniversaire de l’UMA, la tournée maghrébine du président tunisien, M. Moncef Marzouki, est porteuse, selon des analystes, d’un espoir pour la renaissance de l’espace maghrébin. L’année 2012 sera celle de l’édification de l’UMA, grâce au climat psychologique et politique qui prévaut dans la région et à la fraternité et l’amitié entre ses peuples, a déclaré le président tunisien lors de sa visite au Maroc (8-10 février). Cette visite a permis de mettre en avant la même vision que partagent Rabat et Tunis sur l’avenir de la région maghrébine comme ensemble intégré et capable de faire face aux défis régionaux.

L’une des démarches qui s’annoncent les plus salutaires pour baliser la voie à la relance de la construction maghrébine consiste à en finir avec la situation de fermeture des frontières terrestres Maroco- algériennes, une situation anormale au regard des ambitions affichées par les peuples et les directions des pays concernés. Force est de constater que le maintien de cette situation, combien handicapante pour le développement socio-économique de l’espace maghrébin, s’est traduit par un lourd tribut qui grève les ressources des pays de l’UMA. Le coût du non-Maghreb équivaut en effet à une perte d’au moins deux points de croissance annuellement pour chacun des cinq pays membre, selon moult études économiques, dont celle du FMI. L’impératif de construction maghrébine revêt d’autant plus d’urgence en ces temps marqués par une crise financière de dimension internationale qui risque d’impacter durablement les pays maghrébins à défaut d’initiatives audacieuses favorisant un rapprochement maghrébin.

LE PROJET MAGHREBIN INTEGRE EST AU CŒUR DES PREOCCUPATIONS DE LA POLITIQUE ETRANGERE MAROCAINE

C’est dans ce sens que doit être appréhendée la déclaration gouvernementale faite par le chef de l’exécutif, M. Abdelilalh Benkirane, devant le Parlement, dans laquelle il a affiché la détermination du gouvernement de poursuivre l’action en vue de dynamiser l’UMA en tant qu’option stratégique, et ce à la faveur de l’établissement d’un système maghrébin nouveau basé sur la fraternité, la confiance, l’entente, le bon voisinage et le respect des constantes nationales et de l’unité territoriale de chacun des cinq pays membres.

Les dernières initiatives de rapprochement entre le Maroc et l’Algérie visent précisément à favoriser le climat propice à la relance de l’UMA, et par la même créer les conditions à la normalisation des relations entre les deux voisins. La visite de M. Saâd Dine El Otmani à Alger (23-24 janvier), la première qu’il a effectuée à l’extérieur après sa nomination à la tête du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, est très significative, en ce sens qu’elle traduit parfaitement la volonté du Royaume de transcender les divergences et les blocages ayant jeté leur ombre sur les relations bilatérales et freiné la dynamique maghrébine.

Le Maroc tend sa main à ses frères algériens et maghrébins, en général, en vue d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations intermaghrébines", avait souligné M. El Otmani.

LA REDYNAMISATION DE L’UMA REVET UNE DIMENSION STRATEGIQUE EN RAPPORT AVEC L’EVOLUTION DANS LE MONDE

De par les considérations d’ordre régional, la redynamisation de l’UMA revêt aussi une dimension stratégique en rapport avec les repositionnements qui s’opèrent dans le monde. L’émergence d’un groupement régional fort permettra, en effet, à cet ensemble de se positionner en tant que partenaire incontournable et sérieux, pouvant apporter sa pierre à l’édifice pour gérer les problématiques mondiales et contribuer efficacement au maintien de l’équilibre planétaire et à la préservation de la paix et la sécurité dans le monde. La lutte contre le terrorisme en étroite collaboration avec les Etats du Sahel, le trafic de drogue, l’émigration clandestine et le renforcement de la libre circulation des personnes et des biens, s’annoncent dans ce contexte comme des défis majeurs à relever par l’UMA, un groupement cimenté par plusieurs éléments communs, à savoir la langue, la culture, l’histoire et les valeurs de démocratie, de tolérance, de cohabitation et de paix. Ce faisant, l’ensemble maghrébin sera en mesure de se positionner, à juste titre, comme l’a décliné le Roi Mohammed VI dans le discours du 6 novembre dernier, en tant que "véritable moteur de l’unité arabe, un partenaire agissant de la coopération euro-méditerranéenne, un facteur de stabilisation et de sécurisation de la zone sahélo-saharienne, et un acteur structurant de l’intégration africaine".

Une réponse pragmatique à tous ces enjeux d’ordre régional, continental et international, devra être apportée par les ministres des AE des pays de l’UMA lors de leur réunion samedi pour que la renaissance de l’union maghrébine devienne réalité.