Ces arrestations ont été effectuées à travers 19 wilayas et ont mené à une quarantaine de gardes à vue dont une dizaine de femmes, a précisé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) dans un tweet.
M. Salhi a indiqué que la majorité des arrestations a été constatée à Alger.
« Par le recours à la répression, le pouvoir avoue l’échec de sa solution politique, le Hirak n’est pas fini, il a déjà prouvé sa résilience », dénonce Saïd Salhi.
Le vice-président de la Ligue a souligné que « dans ce bras de fer, c’est le pacifisme qui gagnera sur le tout sécuritaire, nul doute ».
Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a, quant à lui, fait état tout au long de la journée de vendredi de l’arrestation et la « disparition » de nombreux citoyens ayant tenté de manifester. Nombre des manifestants arrêtés ont été par la suite relâchés tard dans la nuit, signale le CNLD.
Le CNLD indique également que 14 personnes ont été placées en garde à vue à Skikda et devraient être présentées devant le procureur dimanche.
De nombreuses gardes à vues de manifestants ont également été rapportées tout au long du vendredi jusqu’à tard dans la nuit par le CNLD.
Lors du 117e vendredi du Hirak, plus de 700 personnes avaient été arrêtées par les forces de l’ordre, qui ont empêché les marches à Alger et dans plusieurs villes du pays. La majorité des manifestants arrêtés ont été relâchés, mais une quarantaine ont été condamnés à la prison ferme ou placés sous mandat de dépôt.
La justice algérienne a inculpé ces nouveaux prisonniers politiques de divers graves délits comme le classique « atteinte à l’unité nationale » ou la traditionnelle appartenance à « une organisation étrangère complotant contre l’autorité de l’Etat ».
D’après le CNLD, les griefs retenus contre les prévenus, selon les dossiers, concernent également « attroupement non armé », « rébellion », « trouble à l’ordre public » et « violation des dispositions sanitaires relatives à la Covid-19 », ainsi que « diffusion de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ».
La semaine dernière, l’Organisation non gouvernementale Amnesty International s’est insurgée contre l’utilisation par les autorités algériennes de la législation liée au terrorisme pour réprimer les manifestants.
« Nous sommes profondément préoccupés par cette affaire contre de courageux défenseurs des droits humains », a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Dans un communiqué, Mme Guellali a estimé qu’il s’agit d’une « nouvelle tendance inquiétante des autorités algériennes utilisant la législation liée au terrorisme pour réprimer les droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques avant les élections prévues en juin ».
Selon elle, ces accusations ne sont qu’un écran de fumée pour réduire au silence la voix de ces défenseurs des droits humains et réprimer leur militantisme.
Par ailleurs, l’ONG a dénoncé une intensification alarmante des arrestations et répressions envers les militants du Hirak, arrêtés et poursuivis pour avoir participé à des manifestations pacifiques le 14 mai.
Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d’une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.