Pourtant, neuf ans après, le site du World Trade Center est en pleine reconstruction et ne ressemble plus à un vaste cratère dans le coeur financier de Manhattan. Quatre gratte-ciel doivent être construits à cet endroit ainsi qu’une importante gare ferroviaire et routière. La Tour 1 – un temps dénommée Freedom Tower – s’élève déjà sur 36 étages sur les 106 prévus, et un mémorial dédié aux victimes doit être inauguré l’an prochain. Deux cascades marqueront l’emplacement des anciennes tours jumelles, au coeur d’un parc de 400 chênes, dont 16 ont déjà été plantés. "Il est douloureux de repenser à la tragédie que fut le 11-Septembre, mais il y a de quoi être fier de la manière dont nous nous en sommes relevés", a déclaré, mardi, le maire de New York, Michael Bloomberg.
Pourtant, cette réussite tout comme la cérémonie solennelle prévue samedi en hommage aux victimes risquent d’être obscurcies par un climat latent d’islamophobie aux États-Unis. C’est loin du site des attentats que la situation pourrait être la plus explosive : à Gainesville, en Floride (sud-est), un pasteur chrétien intégriste prévoit de brûler en public un exemplaire du Coran à l’occasion des cérémonies du 11-Septembre.
Obama au Pentagone, Biden à New York
Le projet a été unanimement condamné, notamment par le président Barack Obama et par le Vatican, mais le droit américain, fondé sur la liberté d’expression, ne semble pas en mesure d’interdire cette provocation. Si elle a lieu, la manifestation de Gainesville pourrait susciter un tollé dans le monde entier, proche du scandale causé par la publication en 2005 de caricatures de Mahomet dans un journal danois.
La profanation annoncée du Coran s’ajoute à la polémique autour du projet de centre culturel islamique – comprenant une mosquée – à seulement deux pâtés de maisons de Ground Zero. Des manifestations pour et contre le centre, baptisé "Park51", sont prévues samedi à l’occasion des commémorations. L’imam derrière le projet a précisé qu’il était destiné à intégrer les musulmans dans la société américaine. "Notre objectif a toujours été de faire de ce centre un lieu d’unité", écrit Feisal Abdul Rauf mercredi dans une tribune du New York Times. Il est soutenu notamment par Michael Bloomberg et Barack Obama. Mais les opposants au projet y voient une insulte au "sol sanctifié" de Ground Zero. Le débat fait rage depuis plusieurs mois et s’envenime à l’approche des élections législatives de novembre.
D’après les sondages, l’opposition au projet est en hausse et les deux tiers des New-Yorkais voudraient voir le centre construit plus loin de Ground Zero. Samedi, les Américains observeront un moment de silence lors de commémorations solennelles. Tandis que Barack Obama se rendra au Pentagone, le vice-président Joe Biden se rendra à New York, où chaque année des survivants des attentats lisent à voix haute les noms des victimes devant le site de Ground Zero. Parmi les 2.752 tués dans l’effondrement des tours jumelles, de nombreux corps n’ont jamais été identifiés.
(Source AFP)