VI Nations – Les raisons d’un triomphe

Façonné avec patience par Marc Lièvremont pendant deux ans, un groupe est arrivé à maturité en ce printemps 2010.

"Je crois qu’il faut avoir le triomphe modeste mais bon, on va quand même triompher. Je suis très heureux et très fier du comportement des joueurs, de leur courage, de leur solidarité pendant quatre-vingts minutes." Habituellement peu enclin à se lancer dans de grandes tirades, Marc Lièvremont avait bien du mal à cacher sa joie samedi soir dans les travées du Stade de France après le succès des siens face aux Anglais (12-10), synonyme de Grand Chelem.

Longtemps critiqué pour son projet sportif trouble et pour ses essais tous azimuts, le sélectionneur français tenait sa revanche. Lui qui avait avoué, décomplexé, durant la semaine "ne pas toujours comprendre l’humour anglais" en réponse aux attaques de la presse britannique qui l’avait surnommé "le bricoleur", le "professeur fou" ou encore le "dingue" aux "sélections erratiques" pouvait triompher. Jamais, depuis sa prise de fonction à l’automne 2007, il n’a modifié d’un iota sa politique. Sûr de son fait, il a su imposer sa patte, s’appuyant sur quelques tauliers nommés Dusautoir, Harinordoquy, Jauzion ou encore Nallet pour guider la nouvelle vague, celle des champions du monde des moins de 21 ans. Un savant amalgame qui a pris lors de ces derniers mois. La montée en puissance était prévisible et même perceptible.

"L’appétit vient en mangeant, on a envie de continuer"

Reconnu pour son intégrité et son franc-parler, jamais avare d’une parole protectrice envers ses joueurs, Marc Lièvremont avait récolté un premier vrai succès aux antipodes, en Nouvelle-Zélande, au cours d’une victoire fondatrice (27-22) à Dunedin l’été dernier. La réception de l’Afrique du Sud (victoire 20-13), le 13 novembre à Toulouse, fut l’occasion de la confirmation. Imanol Harinordoquy, témoin privilégié de cette montée en puissance, savourait dans les vestiaires, la tête encore marquée par l’âpre combat face aux Anglais : "Ça se construit, il y a des mecs qui sont là depuis un petit moment. On n’a pas connu que des bons moments, il y a eu des défaites dures à avaler. Petit à petit, on s’est construit une confiance collective. On a cru un peu plus à notre système de jeu, on a cru un peu plus les uns dans les autres."

Le plus dur commence pourtant maintenant pour ce groupe qui devra désormais maintenir ce degré d’exigence jusqu’à la Coupe du monde, comme l’estime Marc Lièvremont : "L’appétit vient en mangeant, on a envie de continuer, peut-être gagner un Tournoi lors d’une année impaire. Mais on a un peu de temps d’ici là." Le temps de savourer : "Ce sera la première fois depuis deux ans que je quitte une compétition avec un peu de sérénité et de plaisir."

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