USA: Une audition au Congrès sur l’Islam radical provoque une levée de bouclier au sein de la communauté musulmane
Le député républicain de New York, Peter King, à l’origine de cette audience, soutient notamment que "80 à 85 % des mosquées et des leaders religieux musulmans aux Etats-Unis sont des radicaux" et les accuse de "manque de coopération" avec les forces de l’ordre dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.
Les représentants de plus d’une dizaine d’organisations et d’associations musulmanes, ont ainsi fustigé, lors d’une conférence de presse mercredi à Washington, les "accusations fallacieuses" de ce député à l’encontre de la communauté musulmane et ses leaders, les qualifiant d’"absurdes" et en contradiction avec la réalité de cette communauté.
"A part quelques exceptions insignifiantes, l’Islam radical n’a pas trouvé de terrain fertile aux Etats-Unis grâce à la vigilance et à l’engagement de la communauté musulmane", a souligné à cet égard, Nihad Awad, directeur exécutif du Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), l’une des plus importantes organisations de défense des droits civiques des musulmans aux Etats-Unis et au Canada.
Il a relevé dans ce sens que plusieurs études et recherches scientifiques ont démontré l’engagement et la coopération des leaders de cette communauté et des Imams des mosquées dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, appelant la société américaine à se méfier de ce genre d’accusations fallacieuses de nature à nourrir l’islamophobie et la stigmatisation de l’Islam.
"CAIR et la communauté musulmane aux Etats-Unis sont par nature des alliés dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il encore affirmé, ajoutant que cette communauté est aussi "l’ennemi naturel de ceux qui prô nent l’extrémisme et la violence".
De son côté, le directeur régional de l’influente Association américaine de défense des libertés civiles (ACLU), Michael Macleod-Ball, a souligné que le fait de concentrer cette audience, qui veut soit disant s’arrêter sur les causes de l’extrémisme et de la violence aux Etats-Unis, sur la seule communauté musulmane, "équivaut à faire des raccourcis et à stigmatiser" les membres de cette communauté.
Il a à cet égard appelé à une enquête globale qui ferait la lumière sur l’ensemble des facteurs contribuant à la violence et à la radicalisation aux Etats-Unis, que ce soit sur le plan idéologique ou religieux.
Interrogé sur cette question lors de son point de presse quotidien, le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney, a souligné mercredi que les "Musulmans américains font partie de la solution" aux problèmes liés à l’extrémisme et au terrorisme auxquels les Etats-Unis sont confrontés. "C’est à travers eux (les Musulmans) que nous pouvons aller de l’avant" dans la lutte contre l’extrémisme, a-t-il dit.