Un cap semble même avoir été franchi : de véritables combats opposaient dimanche après-midi des miliciens armés postés dans des immeubles du centre ville de Tunis et les forces loyales aux nouvelles autorités de transition, tout près du ministère de l’Intérieur et de ses dépendances.
Jusqu’à présent, des miliciens armés se contentaient de semer la terreur de nuit dans la capitale, sa banlieue, et plusieurs villes du pays, en se livrant à des pillages et des exactions contre les civils.
Un général en fuite vers la Libye arrêté
La justice tunisienne a mis en cause dimanche pour la première fois un proche du président tunisien déchu. Le général Ali Sériati, ancien chef de la garde prétorienne du régime, a été arrêté, alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye. Il «a été placé sous mandat de dépôt après la présentation des chefs d’inculpation qui pèsent sur lui», selon une source officielle, qui a détaillé ces accusations: «complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre». Ces charges pèsent aussi sur plusieurs de ses collaborateurs.
Le neveu de l’ancien président, Kaïs Ben Ali, a aussi été arrêté pour son rôle dans ces violences, avec dix autres personnes qui «tiraient en tous sens» à bord de véhicules de police pour semer la panique, ont rapporté des témoins. Le neveu a la réputation d’être un potentat local de Msaken, une localité de la région d’origine de l’ex-président Ben Ali.
Favoriser le retour de l’ex-président
Ces accusations confortent les nombreux témoignages recueillis ces derniers jours, qui attribuent à des membres de l’appareil sécuritaire de Ben Ali la responsabilité de pillages et exactions. Selon ces informations, les forces restées fidèles à l’ancien président, qui a pris la fuite vendredi vers l’Arabie Saoudite, après 23 ans de règne sans partage, chercheraient à créer le chaos en semant la panique, pour favoriser son retour.
Face aux menaces et aux pillages, des comités de vigiles ont été mis en place, organisant des rondes pour protéger les habitants, d’abord de manière spontanée puis à l’appel de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, syndicat unique). Le corps de la sécurité présidentielle avait la haute main sur les autres forces de sécurité et était particulièrement redouté par la population.