Le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) Richard Prasquier a réfuté tout lien entre la polémique sur l’abattage rituel et la tuerie de lundi dans un collège-lycée juif de Toulouse. Quant à Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, il a souligné qu’il serait "honteux" d’instrumentaliser ce drame, sans viser "personne".
Les deux hommes ont été reçus à l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy à la mi-journée, en compagnie du grand rabbin de France Gilles Bernheim, du président du Consistoire Joël Mergui et du recteur de la Grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur.
A sa sortie, M. Prasquier a évoqué la campagne électorale, qui a été suspendue par Nicolas Sarkozy comme par son adversaire socialiste François Hollande.
"Il n’y a absolument rien à voir entre le climat -que l’on peut considérer comme délétère si l’on veut- et la monstruosité d’un tel acte", a-t-il considéré au lendemain de la fusillade qui a fait quatre morts, dont trois enfants, à l’école Ozar Hatorah à Toulouse.
"Il n’y a aucune comparaison à faire", a insisté le président du CRIF. "L’homme qui a tiré une gosse par les cheveux pour lui loger une balle dans la tête ne l’a pas fait parce qu’il a entendu telle ou telle remarque au sujet de l’abattage rituel. Il faut arrêter de faire la liaison entre ces deux événements", a-t-il affirmé.
"Il y a là quelque chose d’extraordinairement grave qui est survenu. On ne sait pas quelle sont les motivations de cet homme, mais on sait très bien que ça n’est pas l’ambiance générale qui l’a fait basculer dans la perpétration de ces actes. D’ailleurs, comme vous le savez, il a auparavant tué trois soldats et ce n’était pas l’ambiance, l’atmosphère qui fait qu’il a commis ces crimes", a-t-il affirmé.
Les parachutistes abattus à Montauban et Toulouse étaient d’origine maghrébine pour deux d’entre eux et antillaise pour le troisième.
Mohammed Moussaoui, président du CFCM, a estimé qu’"afficher un front uni entre les communautés juive et musulmane, et aussi avec l’ensemble de la communauté nationale, est la seule chose qui doit primer aujourd’hui".
"Bien que l’on soit dans une campagne électorale où certains peuvent être tentés d’instrumentaliser, je pense que ça serait honteux pour ceux qui empruntent ce chemin d’agir de la sorte. Je ne pense à personne. Simplement, je le dis pour prévenir des comportements qui ne sont pas dignes", a-t-il déclaré.
Nicolas Sarkozy devait se rendre à l’aéroport de Roissy ce mardi après-midi pour se recueillir devant les dépouilles des victimes de la fusillade de Toulouse, avant leur départ pour Israël où elles doivent être inhumées, a-t-on appris auprès de l’Elysée. Le chef de l’Etat, qui a présidé une nouvelle réunion de sécurité dans la matinée, a demandé au ministre des Affaires étrangères Alain Juppé d’accompagner les corps, a-t-on précisé de même source.