Rugby – 6 Nations: Les raisons d’un grand chelem
En s’imposant contre l’Angleterre (12-10), le XV de France a aligné une cinquième victoire en autant de matchs dans le Tournoi des 6 Nations 2010, et ainsi remporté son 9e grand chelem. Après deux ans d’irrégularité, les Bleus ont franchi un cap dans le jeu. Voici les recettes du succès français.
La mêlée a été une véritable arme pour les Français puiqu’elle a pris le dessus sur toutes ses homologues. Face à l’Angleterre, elle a tout simplement été déterminante puisqu’elle a mis au supplice son adversaire et les Bleus ont pu revenir au score grâce à deux pénalités obtenues dans ce secteur. Malgré les forfaits en première ligne (Barcella, Marconnet, Ducalcon) et en deuxième ligne (Papé, Millo-Chluski), la mêlée française n’a jamais failli. Mieux, Marc Lièvremont et Didier Retière savent maintenant qu’ils peuvent compter sur Thomas Domingo au poste de pilier gauche. "Je suis très content pour lui", commentait William Servat après le succès face aux Anglais, "après la tournée de novembre, Fabien Barcella était un peu l’étoile de notre première ligne et il a parfaitement su lui succéder." En deuxième ligne, Julien Pierre a aussi su tirer son épingle du jeu. Bon en mêlée fermée, le joueur de Clermont s’est aussi montré précieux en touche. Un secteur où les Bleus ont été très compétitifs.
Une défense intraitable
L’équipe de France termine la compétition avec la meilleure défense. Les joueurs de Marc Lièvremont n’ont encaissé que 69 points et six essais. Mieux, on peut considérer que les adversaires ont réussi à marquer que lorsque l’issue de la rencontre était connue. L’Irlande a inscrit son essai après l’heure de jeu (64e) et le score était alors de 27 à 3. Les Gallois ont marqué leur premier essai à la 62e minute alors que les Bleus menaient de quatorze points (20-6). Le deuxième essai des Diables Rouges intervenait quelques secondes avant la fin du match (80e). L’Italie a, elle aussi, réussi à inscrire deux essais (68e, 73e) mais les Bleus menaient alors sur le score de 46 à 6. Seuls les Anglais ont réussi à prendre en défaut la défense française pendant le premier acte (5e).
Un projet de jeu mieux défini
Après deux saisons à tâtonner, l’équipe de France sait maintenant où elle va sur le plan du jeu. Morgan Parra et François Trinh-Duc, définitivement installés à la charnière, ont pris une nouvelle dimension et ils comprennent mieux les volontés du staff technique. "Quand on est arrivé en équipe de France, il y avait plusieurs projets de jeu", rappelait l’ouvreur de Montpellier ce samedi soir, "au début, on devait tout envoyer au large, après il fallait arrêter de jouer. Nous étions très jeunes avec Morgan et nous avions un peu de mal à nous y retrouver. Aujourd’hui, tout est mieux défini et nous avons bien compris les attentes des entraîneurs." Surtout, ils n’hésitent plus à apporter leur point de vue. "Cette responsabilité nous a permis de mieux nous imprégner du projet de jeu. Aujourd’hui, nous évitons de réciter bêtement un plan de jeu", commentait Morgan Parra avant le "crunch".
Une grande capacité d’adaptation
Les Bleus ont réalisé le grand chelem sans jamais vraiment jouer de la même façon. "Nous avons eu la faculté à nous adapter à chaque fois à ce qu’on nous a proposé", se félicitait Clément Poitrenaud, "Nous avons joué quand il fallait le faire et nous avons su serrer le jeu quand c’était nécessaire." Même constat chez François Trinh-Duc : "C’est important de s’adapter à l’adversaire même si nous avons toujours envie d’imposer notre jeu. Maintenant, nous arrivons à être plus réalistes." Les Français ont aussi su s’adapter aux différents scénario. L’arrivée de la pluie face à l’Angleterre en témoigne.
Une ambiance au beau fixe
"Je ne vais pas dire qu’un groupe est né", reconnaissait le talonneur William Servat, "car c’est souvent quelque chose que l’on dit pour se rassurer mais je crois vraiment qu’aujourd’hui, un groupe existe en équipe de France. Aujourd’hui, nous sommes contents de vivre ensemble. Il y a une véritable bonne humeur et j’ai trouvé que le temps était passé plus vite à Marcoussis." Un sentiment partagé par l’entraîneur des avants Didier Retière : "Cela se retrouve sur le terrain. Les joueurs communiquent beaucoup plus et il existe maintenant une vraie confiance entre eux." Et plusieurs joueurs ont quitté le Stade de France avec un petit pincement au coeur puisque l’aventure touchait à sa fin. "Bien sûr que nous allons fêter ce grand chelem", concluait le doyen Lionel Nallet, "c’est génial de vivre ça avec des joueurs que j’apprécie vraiment beaucoup."
Rugbyrama – Nicolas AUGOT, envoyé spécial