Reema Juffali, première Saoudienne en course automobile à domicile

"C’est incroyable" : Reema Juffali, 27 ans, est ce weekend la première Saoudienne à participer dans son pays à une compétition de course automobile, au volant d’un SUV électrique.

Un évènement inimaginable ces dernières années dans le royaume ultra conservateur. Mais en 2018, l’Arabie saoudite a levé l’interdiction faite aux femmes de conduire et de participer à des compétitions automobiles, dans le cadre des réformes lancées par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Reema Juffali a fait ses débuts en course quelques mois plus tard. Vendredi et samedi, elle participe au Jaguar Trophy électrique, lors d’une course en tout-électrique à Dariya près de Ryad.

"Je ne m’attendais pas à courir un jour comme professionnelle", dit à l’AFP la jeune femme, assise en combinaison de course dans sa Jaguar noire et verte. "Le fait que je fasse cela… c’est incroyable."

Originaire de Jeddah (ouest), Reema Juffali a fait ses études aux Etats-Unis. Elle participe à la compétition en tant que pilote invité "VIP", sans marquer de points pour le championnat, et devient ainsi la première Saoudienne à courir à domicile.

Pour le prince Abdel Aziz ben Turki al-Fayçal, président de l’Autorité générale des Sports d’Arabie saoudite, c’est "un tournant décisif" pour le royaume. "Des milliers de personnes vont venir encourager Reema."

24 Heures du Mans ?

L’une des premières apparitions en compétition de la Saoudienne a été au championnat britannique de Formule 4 à Brands Hatch, au sud-est de Londres, en avril.

Mais Reema Juffali se passionne pour les voitures de course depuis l’adolescence, abonnée aux retransmissions des épreuves de Formule 1.

Elle a passé son permis de conduire aux Etats-Unis et appartient désormais au groupe très fermé des Saoudiennes titulaires dans leur pays d’une licence de compétition automobile.

Son rêve est de participer un jour aux 24 Heures du Mans.

"Pour beaucoup de femmes qui n’ont pas encore eu l’occasion d’apprendre à conduire, prendre le volant est encore quelque chose qui fait peur", explique Reema Juffali. "Et pour de nombreuses femmes en Arabie saoudite cela semble si lointain".

L’Arabie saoudite a certes assoupli certaines des restrictions pesant sur les femmes, mais le royaume reste accusé par des ONG de graves violations des droits humains, comme l’emprisonnement de dissidents et de militantes et le recours massif à la peine de mort.

Alors que le royaume était le seul pays au monde à interdire les femmes de conduire, l’autorisation en 2018 a transformé la vie de nombreuses Saoudiennes, qui n’ont plus à dépendre pour se déplacer de proches mâles ou de chauffeurs privés.

Moto-école à Ryad

Certaines femmes délaissent même les petites voitures de couleurs acidulées, considérées comme prisées des femmes, pour s’intéresser à des engins beaucoup plus puissants.

Ainsi, la Mini Cooper rouge cerise lancée sur le marché saoudien à destination de la clientèle féminine, se voit parfois préférer une Chevrolet Camaro ou une Mustang décapotable, constatent les vendeurs.

Certaines n’hésitent plus à se lancer dans des dérapages, virages brusques et autres cascades à grande vitesse, pratiques non autorisées en public mais tolérées dans certains parcs de loisirs.

En jeans moulants et T-shirts Harley-Davidson, des Saoudiennes apprennent aussi à piloter des motos dans une moto-école de Ryad, ce qui reste encore un spectacle très inhabituel.

"Beaucoup de gens sont surpris par tous les changements qui se produisent", remarque Reema Juffali. "Me voir dans une voiture, faire de la course automobile… De nombreuses personnes sont surprises, mais moi j’aime bien surprendre".

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