Premiers dépouillements en RDC alors que le vote continue

Premiers dépouillements en RDC alors que le vote continue
Le dépouillement a débuté en République démocratique du Congo au terme d’un processus électoral chaotique qui a vu des électeurs dans l’impossibilité de voter dans certaines régions.

A Kinshasa, des habitants scrutaient attentivement mardi les premiers résultats affichés à l’extérieur de 18 bureaux de vote. Etablir une première tendance est prémature car les résultats préliminaires doivent en théorie être annoncés le 6 décembre.

Les autorités ont maintenu le scrutin présidentiel et législatif, le deuxième depuis la guerre civile de 1998-2003, en dépit de problèmes logistiques et de retards dans la préparation du vote qui pourraient donner lieu à des contestations.

"Ici, à Kinshasa, nous n’avons pas confiance dans le processus, mais dans ce bureau de vote, nous avons fait tout notre possible (pour éviter des fraudes)", a déclaré Henriette Kilonda, qui supervise le scrutin au bureau de l’école de la gare, dans le quartier de Gombe, dans le centre de la capitale.

La mission de l’Onu au Congo a indiqué que les Nations unies continuaient à acheminer, notamment par hélicoptère, du matériel électoral dans certaines régions où le vote n’avait pas débuté, notamment dans la province de Bandundu (Centre).

Vital Kamerhe, l’un des principaux candidats de l’opposition, a demandé l’annulation du scrutin en raison des fraudes systématiques qui ont, selon lui, été commises.

"Il ne peut y avoir aucun doute sur l’ampleur de la fraude, préméditée par ceux qui sont au pouvoir de connivence avec la commission électorale nationale.

"La police a chassé les témoins des bureaux de vote avant le début du dépouillement", a-t-il déclaré, citant notamment les observateurs internationaux déployés à Kinshasa.

Trois autres prétendants ont invité les Congolais à refuser le résultat de la consultation, dénonçant fraudes et problèmes techniques. "Les résultats de ces élections ne nous inspirent aucune confiance", disent Kengo wa Dondo, Antipas Mbusa Nyamwisi et Adam Bombole dans un communiqué commun.

Le président Joseph Kabila brigue sa réélection face à dix candidats, dont l’opposant historique Etienne Tshisekedi. Pas moins de 18.500 candidats convoitent les 500 sièges du Parlement.

TENSION

La commission électorale a pour sa part jugé "satisfaisant" le déroulement du scrutin, qui s’est prolongé tard dans la nuit ou a été reporté à mardi dans certaines régions.

"Nous avons 63.000 bureaux de vote. Si nous en avons un millier qui posent problème, ce sera gérable. Nous voulons avant tout que tout le monde puisse voter", avait déclaré dimanche soir le porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante, Matthieu Mpita.

Des électeurs se sont plaints de la complexité du vote. Pour les législatives, certains bulletins comptent des dizaines de pages que les scrutateurs parcourent longuement avant de trouver le "X" signalant le choix de l’électeur.

Le scrutin a en outre été perturbé par des violences.

Des hommes armés et masqués ont attaqué un bureau de vote dans le province du Katanga dans le sud du pays et trois des assaillants ont été abattus par les forces de l’ordre.

A Kananga, chef-lieu de la province du Kasai occidental (centre), une douzaine de bureaux de vote ont été incendiés, a déclaré Anaclet Tshimbalanga, président du groupe de défense des droits de l’homme TDH, car des habitants ont découvert des bulletins déjà marqués en faveur de Joseph Kabila.

"Je les ai vus, les observateurs les ont vus, les journalistes les ont vus. Ils existent", a-t-il dit.

Mardi, le calme semblait prévaloir dans le centre de Kinshasa, en grande partie favorable à Etienne Tshisekedi où des heurts entre camps rivaux ont fait au moins deux morts samedi.

Un haut responsable du PPRD (Parti du peuple pour la réconciliation et la démocratie), le parti du chef de l’Etat, a dit que ses partisans avaient été intimidés dans des bastions de l’opposition, en particulier dans les provinces du Kasai.

"Les partisans du PPRD n’ont pas pu entrer dans les bureaux de vote à moins qu’ils acceptent de voter pour Tshisekedi", a-t-il déclaré à Reuters.

La dernière élection en RDC remonte à 2006. Joseph Kabila, qui avait accédé au pouvoir après l’assassinat de son père Laurent-Désiré en 2001, avait remporté la présidentielle lors d’un scrutin jugé relativement libre et équitable.

"J’ai voté en 2006. Ce n’était pas difficile à l’époque", a déclaré un artiste kinois de 30 ans, Murphy Mbemba. "Mais, cette fois je n’ai pu trouver mon nom dans aucun centre. Je ne sais même pas où je dois voter."

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