Pourquoi le CFCM ne participera pas au débat sur la laïcité

Le débat sur la laïcité, organisé par l’UMP, continue de faire des remous à droite comme à gauche. Plusieurs voix se sont élevées pour désapprouver. L’instance représentative des musulmans de France, le Conseil français du Culte musulman, s’est jointe depuis le début à ces voix et a fait savoir qu’il ne fait qu’illustrer cette « fâcheuse tendance » de placer l’islam au cœur des polémiques.

Pourquoi le CFCM ne participera pas au débat sur la laïcité
Au menu de ce débat voulu par le président Nicolas Sarkozy et animé par le secrétaire général de l’UMP, François Copé, la formation des imams, le contenu des prêches et la langue dans laquelle ils sont prononcés.

La tenue de cette rencontre répond en réalité à des impératives électorales. Les élections cantonales devant se dérouler les 20 et 27 mars. Et le Front national ne cesse de marquer des points. Mais tout le monde a encore en mémoire les graves dérapages qui ont émaillé le débat sur l’identité nationale, lancé par Eric Besson, alors ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Un débat qui s’est focalisé une fois de plus sur l’islam et les musulmans de France.

Alors au CFCM, la question est réglée. Il ne participera pas d’autant plus qu’il n’a pas reçu d’invitation formelle. Cette décision signifie le refus de cette instance de cautionner cette réunion stigmatisant la communauté musulmane.

Pour le président du CFCM Mohamed Moussaoui, cette initiative est "strictement partisane". Devant des journalistes français et étrangers, il a calmement expliqué combien ce débat inquiète les musulmans et risque d’"ouvrir les portes aux dérives aux malentendus ».

Au court de cette conférence de presse, les membres du bureau exécutif du CFCM précisent qu’il ne s’agit pas de "boycott", mais que «le conseil est dans droit de ne pas participer tant que la réunion est organisée par un parti politique". Le président du CFCM s’interroge aussi sur ce « traitement disproportionné » accordé aux questions liées à la pratique religieuse musulmane, « alors même que ces questions ne sont pas les plus prioritaires pour les Français dans leur ensemble,
particulièrement dans ces moments difficiles".

Cette instance ne comprend pas l’intérêt d’un tel débat, alors que les musulmans de France sont attachés au principe de laïcité qu’ils considèrent comme une chance puisqu’il place tous les citoyens dans une stricte égalité de droits et de devoirs, indépendamment de leurs convictions religieuses ou philosophiques.

Pou Abdellah Zekri, représentant de la Grande Mosquée de Paris et chargé de mission au CFCM, ce n’est qu’une «démarche électoraliste » et "Ce n’est pas en attaquant les musulmans qu’on va récupérer des voix".

Malgré les réserves des musulmans, le ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes, Claude Guéant, a confirmé la tenue du débat, tout en faisant part de "la volonté du gouvernement de veiller à son bon déroulement dans le strict respect de la loi de 1905 et du principe de laïcité".

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