Nouvelle mobilisation nationale des « gilets jaunes », accrochages sur les Champs-Élysées

Bien décidés à maintenir la pression sur le gouvernement, les « gilets jaunes » ont entamé leur troisième samedi de mobilisation, notamment sur les Champs-Élysées où des incidents ont éclaté en début de matinée.

Vers 8H45, des manifestants ont tenté de forcer un point de contrôle sur le haut de l’avenue, près de la place de l’Étoile, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes, a constaté une journaliste de l’AFP

Les manifestants, pour certains encagoulés et masqués, se sont alors rabattus sur les avenues adjacentes, a constaté une journaliste de l’AFP. Sur l’une d’elles, avenue Mac-Mahon, des poubelles ont été renversées et incendiées.

Ves 10H00, les échauffourées ont repris au pied de l’Arc de triomphe, plongé dans un nuage de gaz lacrymogène, où les forces de l’ordre faisaient usage de canons à eau.

Quelques centaines de personnes s’étaient retrouvées dès 8 heures au pied de l’arc de Triomphe, vêtues du gilet jaune symbolique de leur contestation, bien avant l’heure prévue du rassemblement à 14H00. D’autres portaient déjà des masques pour se protéger des lacrymogènes, devant une imposante barrière de CRS verrouillant totalement l’avenue.

Fermée à la circulation, l’avenue était emplie de camions de CRS et l’accès des piétons était soumis à un quadrillage serré. Vers 10H20, 24 personnes avaient été interpellées dont deux au moins pour port d’arme prohibé, selon la préfecture de police.

Parmi les manifestants, Philippe, cuisinier dans un lycée de l’Essonne. "Avec toute l’augmentation des taxes, il reste pas grand chose pour becqueter à la fin du mois", a-t-il déclaré à l’AFP.

Le dispositif policier pourrait mobiliser environ 5.000 membres des forces mobiles dans la capitale, où est également prévue une manifestation de la CGT.

"Notre responsabilité est de faire en sorte que tout se passe au mieux", a affirmé sur place le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, une semaine après les débordements qui ont émaillé la précédente manifestation sur les Champs-Élysées. Par crainte d’incidents, des panneaux de bois ont été apposés sur certaines vitrines.

Le 24 novembre, la manifestation parisienne avait pris une tournure violente, avec jets de pavé auxquels les forces de l’ordre avaient répliqué avec des gaz lacrymogène. 103 personnes avaient au total été interpellées.

M. Castaner, qui dit redouter la présence de militants d’"ultra-droite" et d’"ultra-gauche", a également souhaité que la contestation "se structure" et "s’organise" afin qu’un dialogue puisse s’établir.

Vendredi, une réunion à Matignon avec le Premier ministre Édouard Philippe a tourné au fiasco: seuls deux "gilets jaunes" y ont participé et l’un d’eux a rapidement quitté les lieux faute d’avoir obtenu que la rencontre soit diffusée en direct.

Quinze jours après l’acte de naissance des "gilets jaunes", les autorités guettent avec attention l’ampleur de cette nouvelle mobilisation. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282.000 personnes, et la deuxième 106.000, dont 8.000 à Paris.

Ailleurs en France, plusieurs opérations de blocage et de filtrage étaient recensées notamment dans le Var au péage de Bandol sur l’A50 et dans les Bouches-du-Rhône aux barrières de péage de La Ciotat. Dans le Gard, des poids lourds bloquaient les plateformes logistiques de supermarchés à Nîmes.

Dans le sud-ouest, les "gilets jaunes" ont lancé des opérations "barrages filtrants" à Cahors (Lot), et dans 7 villes du Tarn. Sur l’autoroute A9, les manifestants ont ciblé le péage du Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne.

Les "gilets jaunes" appelaient également à cibler des institutions, en murant les centres des impôts ou en "aveuglant" les radars.

Malgré l’annonce par le chef de l’État Emmanuel Macron de prochaines mesures pour répondre à la "colère légitime" des manifestants, le mouvement qui a essaimé hors de tout cadre syndical ou politique montre des signes de dynamisme et engrange de nouveaux soutiens.

Trois collectifs de banlieue appellent ainsi à se joindre samedi aux "gilets jaunes" à Paris pour défendre les "quartiers populaires".

Du côté de l’ultradroite, l’Action française a indiqué à l’AFP attendre au moins 300 sympathisants sur les Champs-Élysées.

Un "rassemblement des artistes" est aussi prévu devant la salle de l’Olympia à 14H00, à l’initiative de l’humoriste Gérald Dahan.

La colère, initialement tournée contre les prix du carburant avant de s’étendre au pouvoir d’achat, reste particulièrement vive à la Réunion où la ministre des Outre-mer Annick Girardin a dû être exfiltrée par son service d’ordre vendredi. "Le territoire ne peut plus jamais fonctionner de la même manière", a estimé samedi la ministre avant de quitter l’île.

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