Miss France 2019 couronnée samedi, un jury féminin à la manoeuvre
Un jury féminin pour la première fois, la soeur d’une star du foot parmi les favorites en guise de polémique et la promesse « d’un pur divertissement dans un contexte social lourd »: Miss France 2019 sera élue samedi à Lille.
L’an dernier, Miss Nord-Pas-de-Calais, Maëva Coucke avait été élue Miss France 2018, succédant à Alicia Aylies (Miss Guyane).
Année après année, le sacre de Miss France reste un programme phare de TF1 : l’an dernier, la chaîne s’était placée largement en tête des audiences en attirant 7,4 millions de téléspectateurs (37,1% de part d’audience), avec un pic à 8,8 millions lors du couronnement.
Après une précédente édition dédiée à la cause des femmes dans le sillon du mouvement #MeToo, un jury pour la première fois 100% féminin, présidé par Line Renaud, réunit la danseuse étoile Alice Renavand, la chanteuse Jenifer, la Miss France 2011 Laury Thilleman, la comédienne Maud Baecker, l’humoriste Claudia Tagbo, et Caroline Garcia, numéro 1 féminin du tennis français.
"Nous avons voulu cette année un jury exclusivement féminin. Quoi de mieux que des femmes pour juger des femmes!", justifie à l’AFP Sylvie Tellier, directrice générale de la société Miss France, filiale du groupe de production audiovisuelle Endemol.
"Depuis plusieurs années, l’élection Miss France met en avant les droits des femmes. Faire appel à un jury est un moyen de poursuivre notre engagement", ajoute Sylvie Tellier.
Toutefois, les pouvoirs du jury sont limités: à égalité, jurées et téléspectateurs désignent les cinq finalistes parmi douze candidates déjà sélectionnées par les organisateurs. Les téléspectateurs ont toutefois le dernier mot en désignant seuls la lauréate et ses deux dauphines, en votant par téléphone et SMS.
Pour Marion Georgel, l’une des porte-parole d’"Osez le féminisme!", ce jury 100% féminin est "un effet de communication": "l’idée est intéressante mais le concours Miss France continue de trier les femmes sur des critères physiques ou moraux assez réactionnaires, comme le fait pour les candidates de n’avoir pas d’enfant".
"Les miss font leur show"
Avec pour thème "Les miss font leur show", les prétendantes évolueront dans des tableaux évoquant le cirque, Bollywood et les super héroïnes, tandis que la cérémonie sera présentée une nouvelle fois par Jean-Pierre Foucault.
"Qu’elle est belle, la France !", a commenté Line Renaud en découvrant les trente candidates. "Cette élection est un rendez-vous populaire qui représente la beauté et la classe. On ne rêve plus assez. On a besoin de rêver !", a-t-elle ajouté.
"L’élection Miss France est avant tout un grand spectacle de divertissement, d’autant plus dans un contexte social lourd depuis plusieurs semaines", estime Sylvie Tellier, elle-même reine de beauté en 2002.
Pas d’élection Miss France sans polémique: cette année, le cas de Miss Nord-Pas-de-Calais, Annabelle Varane, en lice pour la couronne, serait susceptible de fausser l’élection par sa notoriété familiale. Elle est la soeur de Raphaël Varane, champion du monde de football avec les Bleus.
"Nous sommes très attachés à l’équité entre candidates. Elles portent les mêmes tenues pendant l’émission pour effacer les inégalités sociales. Annabelle Varane est traitée comme n’importe quelle candidate et sa filiation ne sera pas évoquée dans son portrait diffusé pendant la cérémonie. Seuls les journalistes ont cru bon de mettre en avant ce lien familial", observe Sylvie Tellier.
Parmi les autres prétendantes, Tahiti est représentée par Vaimalama Chaves, 23 ans, autre favorite du concours. Miss Tahiti, titulaire d’un master de management, a vécu son enfance en fort surpoids, au point d’être traitée de "monstre", a-t-elle confié à l’AFP. À 18 ans, elle pesait plus de 80 kilos. Elle en a depuis perdu 20.
Les Miss Tahiti sont considérées comme des icônes, souvent dauphines des Miss France, mais rarement élues, au grand dam des Polynésiens. La dernière Miss Tahiti coiffée du précieux diadème est Mareva Galanter, Miss France 1999.
Alors que la France est sous le choc de l’attaque de Strasbourg, TF1 et Endemol ont renforcé la sécurité du Zénith de Lille pour prévenir aussi une éventuelle action des "gilets jaunes". Par ailleurs, le direct de ce type d’événement est toujours diffusé avec un léger différé pour dissuader les intrusions.