Le pape François met en garde les chrétiens du Maroc contre tout « prosélytisme »
Le pape François consacre dimanche sa seconde journée au Maroc aux communautés chrétiennes du pays, l’occasion de les mettre en garde contre toute tentation de « prosélytisme » pour étoffer leurs rangs.
"Continuez à vous faire proches de ceux qui sont souvent laissés de côté, des petits et des pauvres, des prisonniers et des migrants", a conseillé le pape, qui avait rencontre la veille 80 migrants dans un centre humanitaire Caritas.
En revanche, "les chemins de la mission ne passent pas par le prosélytisme, qui conduit toujours à une impasse", a fortement insisté le pape. "S’il vous plait, pas de prosélytisme !", a-t-il martelé en sortant de son texte, "l’Eglise croît non par prosélytisme mais par le témoignage".
Le Roi Mohammed VI,Commandeur des Croyants, avait précisé auparavant : "je protège les juifs marocains et les chrétiens d’autres pays qui vivent au Maroc".
A l’intérieur de la cathédrale de Rabat, des représentants religieux, des prêtres et des soeurs, venus du Maroc mais aussi d’autres pays d Afrique de l’Ouest, ont accueilli le pape avec émotion, ponctuant son arrivée de youyous et d’applaudissements, immortalisant le moment avec leurs téléphones portables.
Le pape les a remerciés pour leur "présence humble et discrète", embrassant leur doyenne soeur Ersillia Mantovani, 97 ans, une Italienne franciscaine qui vient de célébrer 80 ans de vie religieuse. Avant de participer à un bain de foule chaleureux, au cours duquel certaines soeurs ont malicieusement posé un baiser sur son anneau pontifical.
Le pape a salué avant de partir les représentants du Conseil des Eglises chrétiennes du Maroc, créé pour promouvoir le dialogue oecuménique, qui réunit églises catholique, anglicane, évangélique, grecque orthodoxe et russe orthodoxe.
Quelques centaines de fidèles, originaires d’Europe ou d’Afrique subsaharienne, attendaient aussi avec impatience la sortie du pape de la cathédrale, au coeur du vieux Rabat. "Viva papa !", s’est époumoné un fidèle. "La visite du pape montre que le vivre-ensemble est possible au Maroc", a commenté Antoine, un Nigérian de 36 ans.
"On s’est réveillés à 03H00 du matin pour être ici", a confié Iris, une Française qui vit "trois mois par an" à Essaouira, à 450 km au sud de Rabat. "Voir le pape à Rome c’est quelque chose, mais le voir à Rabat, s’en est encore une autre", a ajouté la retraitée qui a trouvé l’homélie du pape "émouvante et réelle".
Dans la matinée, le souverain pontife s’était aussi rendu dans un centre social géré par des soeurs et des bénévoles à une vingtaine de km de Rabat, doté notamment d’un centre de soins où le pape a salué des petits malades.
Très attendue par la petite communauté portée par les fidèles originaires d’Afrique subsaharienne, le point d’orgue de la journée sera toutefois la célébration d’une messe dans un complexe sportif couvert.