Le Liberia, meurtri par la guerre, savoure les fruits de la démocratie

Assoiffés de changement et de paix, les Libériens ont offert au plus grand de leurs footballeurs, George Weah, une victoire sans appel à la présidentielle, ouvrant la voie à une alternance démocratique réussie qui fera date en Afrique.

Lors du second tour mardi, l’ancien attaquant de Monaco, du PSG et du Milan AC, 51 ans, a remporté 61,5 % des voix, contre 38,5 % pour le vice-président sortant Joseph Boakai, 73 ans, selon des résultats officiels portant sur plus de 98 % des suffrages annoncés jeudi soir.

Weah, dont les discours de campagne associaient "espoir" et "unité", a raflé 14 des 15 comtés du pays, ne laissant la victoire à son adversaire, le vice-président Joseph Boakai, que dans son fief de Lofa, dans le nord. La participation s’est établie à 56 %, contre 75,2 % lors du premier tour le 10 octobre, selon la Commission électorale nationale (NEC).

"Mes chers Libériens, je ressens profondément l’émotion de toute la nation. Je mesure l’importance et la responsabilité de l’immense tâche qui m’échoit aujourd’hui. Le changement est en route", a tweeté Weah après l’annonce de sa victoire, qui a entraîné des scènes d’allégresse dans les rues de Monrovia.

Quelque 2,1 millions d’électeurs étaient inscrits pour le second tour. Les derniers dépouillements devraient être achevés vendredi et le résultat final annoncé dans la foulée, ce qui devrait entraîner une gigantesque fête, selon les partisans de George Weah.

Le président français Emmanuel a salué la victoire de l’ancien enfant chéri du Parc des Princes, élevé par sa grand-mère dans le bidonville de Gibraltar, à Monrovia, avant de devenir l’un des plus brillants footballeurs de sa génération dans les années 1990.

"Félicitations à George Weah pour sa brillante élection et à l’ensemble du peuple libérien pour le chemin parcouru vers la paix et la réconciliation. Congrats Mister George", a écrit le chef de l’Etat dans un tweet en français, doublé d’un message en anglais reprenant le surnom de l’ancien avant-centre international.

Prestation de serment le 22 janvier

Le Liberia, qui peine à se remettre de l’épidémie d’Ebola, vit encore dans le souvenir de Charles Taylor, 69 ans, ancien chef de guerre puis président (1997-2003), prédécesseur de la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf (2005-2017).

Condamné par la justice internationale à 50 ans de prison, il purge sa peine en Grande-Bretagne pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine.

Sénateur depuis 2014 de la province la plus peuplée du Liberia, George Weah avait choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, ex-femme de Charles Taylor.

Mais tous deux affirment ne pas entretenir de lien avec l’ancien président.

Près de trois décennies après le début d’une guerre civile particulièrement atroce –250.000 morts entre 1989 et 2003– le Liberia s’apprête donc à vivre une transition en douceur, la première passation de pouvoir entre deux présidents élus depuis 1994.

Mme Sirleaf a déjà signé un décret établissant une "équipe de transition", composée de plusieurs ministres, pour organiser un "transfert ordonné du pouvoir" à son successeur, qui prêtera serment le 22 janvier.

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