« En janvier, nous avions réduit nos prévisions de croissance mondiale à 4,4 % pour 2022. Depuis lors, les perspectives se sont considérablement détériorées, en grande partie à cause de la guerre et de ses répercussions », a expliqué Mme Georgieva lors d’un entretien organisé par le think tank Carnegie Endorment for International Peace à Washington.
« L’inflation, le resserrement financier et les confinements fréquents de grande ampleur en Chine, qui créent de nouveaux goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, pèsent également sur l’activité économique », a poursuivi la DG du FMI.
Ainsi, a-t-elle fait savoir, le conflit russo-ukrainien et ses répercussions contraignent le FMI cette année de revoir à la baisse les prévisions de croissance pour 143 pays, représentant 86 % du PIB mondial.
« Heureusement, le taux de croissance restera positif dans la plupart des pays », a relevé Mme Georgieva lors de cette intervention qui sert de préambule à la publication des « Perspectives de l’économie mondiale » du FMI la semaine prochaine lors des Assemblées printanières du FMI et de la Banque mondiale.
« Parmi les pays touchés par ces révisions à la baisse figurent des importateurs nets de denrées alimentaires et de combustibles, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Europe », a fait observer la cheffe de l’institution de Bretton Woods, ajoutant que la hausse des prix des produits de base a amélioré les perspectives de croissance de nombreux exportateurs de pétrole, de gaz naturel et de métaux.
« Mais une plus grande incertitude plane également sur ces pays, et leurs gains sont loin d’être suffisants pour compenser le ralentissement global de l’économie mondiale, largement dû à la guerre », a-t-elle noté.
Dans le même temps, a souligné la DG du FMI, la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires accentue les pressions inflationnistes, comprimant les revenus réels des ménages dans le monde entier.
« L’insécurité alimentaire est une préoccupation majeure », a-t-elle dit, appelant à une « initiative multilatérale » à même de remédier à ce problème.
« Ne pas le faire serait terrible : plus de personnes affamées, plus de pauvreté et plus de troubles sociaux, notamment dans des pays qui luttent depuis de nombreuses années pour échapper à la fragilité et aux conflits », a-t-elle averti.
Mme Georgieva a rappelé qu’avant la guerre, la Russie et l’Ukraine représentaient 28 % des exportations mondiales de blé, la Russie et le Bélarus 40 % des exportations de potasse, un engrais essentiel. « Aujourd’hui, le prix des céréales et du maïs monte en flèche, et des dirigeants d’Afrique et du Moyen-Orient m’informent que leurs réserves diminuent », a-t-elle prévenu.
« Face à ces risques, la coopération internationale est la seule solution efficace. C’est notre seul espoir de créer un avenir plus juste et plus résilient. Et c’est notre devoir », a conclu la dirigeante du FMI.