Le Festival Gnaoua fête ses 20 ans : Rencontre avec sa fondatrice, Neila Tazi

Le mythique rendez- vous des afficionados de la musique Gnaouie d’Essaouira a célébré ce week-end ces 20 ans d’existence. A cette occasion, Atlasinfo a rencontré sa fondatrice Neila Tazi pour faire le point sur un évènement 100% marocain connu et reconnu aux quatre coins du monde.

Envoyée spéciale Ghizlaine Badri

Quel bilan faites-vous après ces 20 années d’existence du festival ?

Neila Tazi : Le Bilan est très positif. Nous avons pu assurer la pérennité d’un tel projet qui est né d’une idée assez modeste mais qui a su prouver sa force et sa profondeur et aussi démontrer que la culture peut jouer un rôle essentiel à la fois dans un projet de société que dans un projet politique et économique, pour promouvoir les valeurs de partage et du vivre ensemble. Tous ces éléments se rejoignent pour montrer que ce festival qui vient de fêter son 20ème anniversaire a été nourri de belles énergies. Un rendez vous culturel qui tout au long de ces années a réuni des personnes envieuses de construire des choses et qui ont travaillé d’arrache pied sur un projet durable et de longue haleine. C’est un formidable pari que nous avons réussi à relever tois ensemble.

Quels souvenirs marquants de cette vingtaine d’éditions avez-vous gardé en mémoire ?

Il est très difficile de citer quelques dates car chaque moment est unique. Nous avons décidé de le nommer au début de sa création « Un festival pas comme les autres » et il est vrai que son positionnement est unique. IL permet à des artistes qui n’auraient pas pu se rencontrer d’unir leur talent l’espace d’un moment pour faire vibrer les mélomanes du monde entier qui ont été très fidèles. Artistiquement, ce qui se produit au Festival de Gnaoua, ce sont des concerts uniques et inédits. J’ai de très beaux moments de musique que je garde à l’esprit, mais il y en a tellement qu’il est difficile d’en faire un tri.

Les Festival a évolué depuis quelques années. La politique de la tête d’affiche n’est plus privilégiée. Qu’en est-il de la ligne artistique après toutes ces années ?

Nos n’avons jamais privilégié les têtes d’affiche. Cela n’a jamais été l’esprit du festival. En revanche l’objectif est de mettre en place une programmation originale et audacieuse avec une prise de risque. Nous avons réussi à tirer vers le haut des artistes très talentueux capables aussi de prendre des risques artistiquement. C’est un festival qui se veut être un laboratoire de fusion musical . Ce qui signifie s’exposer artistiquement et sortir d’un schéma classique et formaté. Nous l’avons vu avec l’ouverture du festival avec l’artiste brésilien Carlonhis Brown, il faut être capable de se prêter au jeu et sauter dans l’inconnu.

Où est votre projet de faire inscrire par l’UNESCO la culture Gnaoua au patrimoine oral mondial de l’humanité ?

Le dossier est en cours d’étude, nous sommes très optimistes et nous pensons qu’avec le Travail accompli et l’ histoire ancienne de cette confrérie, cette tradition orale sera reconnue. Notre travail a été très dense, c’est un patrimoine et une tradition orale qui ont été protégés durant des décennies. Nous accomplissons ces démarches pour que la culture Gnaoua soit inscrite comme patrimoine de l’UNESCO et ainsi faire connaitre aux générations à venir la richesse de cette culture ancestrale.

Que prévoyez vous pour l’accompagnement de la jeune génération d’artistes d’Essaouira ?

Nous avons créé un projet il y a deux ans qui s’appelle Omma ( Oulad Mogador Mucic Action) dont le but est d’accompagner ces jeunes en faisant passer des auditions aux groupes d’Essaouira par le biais de concours. Les jeunes sélectionnés sont conviés à venir passer des stages à Casablanca dans un univers très professionnel. Nous avons l’Uzine, le Boultec créé par le Boulevard des Musiciens, ainsi que la fondation Hiba. Ces trois infrastructures ont pour vocation de développer et d’accompagner le talent artistique et musicale dans le domaine de la musique. Nous invitons les jeunes à faire des immersions de deux semaines dans ces différents endroits et faire des résidences pour apprendre à renforcer leurs compétences. Nous avons accompagné des jeunes maalems durant toutes ces années et nous continuerons à le faire.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite