Le débat sur L’identité nationale a plombé la droite au pouvoir
La France a complètement viré à gauche dimanche au second tour d’élections régionales forçant le président Nicolas Sarkozy à répondre immédiatement au vote sanction que les électeurs lui ont infligé, par un remaniement qui concerne six personnes (deux sortants, trois entrants et un promu). Objectif : opérer une ouverture en direction de proches de Jacques Chirac, de Dominique de Villepin et des centristes.
Reste maintenant à connaître les vraies causes de cette débâcle électorale ? A entendre les analystes et les leaders de gauche qui se sont relayés sur les plateaux de télévision pour commenter les résultats du scrutin, le débat sur l’identité nationale a joué un mauvais tour à l’UMP et au président Sarkozy qui, effaré par les dérapages racistes de certains de ses ministres et par l’ambiance d’islamophobie qui a accompagné ce débat, a choisi de mettre le hola à quatre semaines du scrutin.
La stratégie de Sarkozy était basée sur des données sociales et sociologiques (et par conséquent politiques) qui le poussaient à inscrire ce débat dans un contexte purement électoral et d’en tirer le maximum de profits aux régionales. Son objectif était de fonctionner sur deux pôles : montrer d’un côté que l’identité nationale est plus ou moins menacée en focalisant les discussions non pas sur la France mais sur les étrangers, et mettre en scène, d’un autre côté, les bienfaits de la ‘’diversité positive’’. Et la réalité, c’est que dans les deux cas, la thématique ethnique qui a primé.
Et c’est ainsi que ce débat dont les initiateurs n’ont, à aucun moment, pris en compte les différents sondages d’opinion montrant que les thématiques de l’identité nationale, de l’immigration et de l’islam, sont passées largement derrière les inquiétudes économiques des Français.
Le tout a tourné à l’avantage du Front national (FN) qui a retrouvé sa légitimité électorale. Certains élus de la majorité n’ont pas hésité, dès l’annonce des résultats, à rendre le ministre de l’immigration et de l’identité nationale, Eric Besson, en partie responsable du score surprenant du FN dans certaines régions. On le déclarait d’ailleurs partant, mais il a pu sauver son poste… pour quelques mois. ‘’ Il ne finira pas le quinquennat’’, pronostique un ministre.
Et dire que l’UMP doit prendre aujourd’hui le temps de la réflexion, non pas sur la question inopportune de l’identité nationale, mais sur le devenir social et économique des Français qui continuent de s’interroger sur le rythme et la réussite des réformes imposées par Nicolas Sarkozy.
S’il veut se représenter en 2012, le président Sarkozy doit reprendre la main au plus vite.