Le chef de l’ONU accepte la demande d’adhésion des Palestiniens à la CPI

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a accepté la demande des Palestiniens d’adhérer à la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué mercredi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Cette décision, qualifiée d’"historique" par les Palestiniens, va permettre à la CPI d’enquêter à partir du 1er avril sur les allégations de crimes commis dans les Territoires palestiniens.

M. Ban a fait part de sa décision aux pays-membres de la CPI mardi soir, a ajouté Stéphane Dujarric. "Le secrétaire général s’est assuré de ce que les documents reçus étaient en ordre avant d’accepter qu’ils soient déposés", a dit le porte-partole. L’ONU est dépositaire du Statut de Rome qui a créé la CPI.

"C’est un jour historique dans l’histoire du peuple palestinien: c’en est fini pour toujours de l’impunité d’Israël", a déclaré à l’AFP le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. Selon lui, "accepter la Palestine à la CPI, c’est changer le rapport de forces en faveur de la justice, de la liberté, de la paix et du droit international".

L’objectif de la démarche d’adhésion palestinienne, entamée vendredi dernier aux Nations unies, est de pouvoir demander des comptes devant cette cour aux dirigeants israéliens pour des opérations militaires futures à Gaza ou pour l’occupation par Israël des territoires palestiniens.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une offensive diplomatique menée à l’ONU par les Palestiniens. Ceux-ci entendent de nouveau soumettre au Conseil de sécurité dans les prochaines semaines un projet de résolution, rejeté la semaine dernière à New York.

A ce sujet, M. Erakat a appelé "la communauté internationale à mettre fin à l’occupation et à faire en sorte que ceux qui ont commis des crimes contre les Palestiniens soient jugés".

En rétorsion à la demande d’adhésion à la CPI, Israël avait gelé dès samedi le versement de 106 millions d’euros de taxes collectées pour le compte de l’Autorité palestinienne.

Washington avait aussi dénoncé la démarche palestinienne, la qualifiant d’"escalade contre-productive" qui "alourdit le climat" avec Israël, tout en protestant contre la sanction israélienne.

Installée à La Haye, la CPI est compétente pour poursuivre des auteurs présumés de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis depuis le 1er juillet 2002. Au total 122 Etats, parmi lesquels ne figure pas Israël, ont à ce jour adhéré au statut de Rome.

Le 1er janvier, l’Autorité palestinienne avait reconnu la compétence de la CPI pour des crimes présumés commis à partir du 13 juin 2014, date à laquelle Israël a lancé une vaste campagne d’arrestations en Cisjordanie occupée suivie de la guerre à Gaza.

Cette procédure juridique, que seul un Etat peut lancer, permet à la CPI d’enquêter sur des crimes présumés commis dans le passé à des périodes déterminées, tandis que l’adhésion à la CPI ne permettrait à cette Cour d’enquêter que sur d’éventuels crimes futurs.

L’Etat de Palestine a obtenu le statut d’observateur à l’ONU fin 2012, ce qui lui permet d’adhérer à de nombreuses conventions internationales, dont la CPI.

Le 13 juin 2014, Israël avait lancé une série d’actions contre les Palestiniens, au lendemain du kidnapping en Cisjordanie occupée de trois jeunes Israéliens, ensuite assassinés.

Moins d’un mois plus tard, Israël lançait sa troisième offensive sur la bande de Gaza en six ans, tuant près de 2.200 Palestiniens, en grande majorité des civils. Plus de 70 personnes sont mortes côté israélien, quasiment tous des soldats. Durant les 50 jours de ce conflit, des milliers de roquettes tirées de Gaza se sont abattues sur Israël.

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