La commission d’enquête Benalla à l’Assemblée vole en éclats

La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’affaire Benalla a explosé, jeudi 26 juillet, alors qu’elle doit procéder à sa dernière audition ce vendredi 27 juillet. En cause, le retrait du corapporteur Les Républicains (LR) Guillaume Larrivé, entraînant derrière lui tout le reste de l’opposition. Le député de la première circonscription de l’Yonne a qualifié la commission de « parodie ». À l’issue d’une nouvelle audition du préfet de police de Paris Michel Delpuech, M. Larrivé s’est dit « contraint de suspendre sa participation à ce qui n’est devenu, hélas, qu’une parodie ».

Le clash était attendu depuis la veille lorsque la majorité avait refusé d’accéder à la liste d’auditions demandée par M. Larrivé, notamment « toute la chaîne hiérarchique » de l’Élysée, jusqu’au secrétaire général Alexis Kohler, et du ministère de l’Intérieur. « Je pose la question : est-ce que l’Élysée souhaite torpiller les travaux de notre commission ? » a poursuivi le député, qui « pense qu’instruction a été donnée aux députés LREM pour bâcler la préparation d’un vrai faux rapport ».

"Nous ne sommes aux ordres de personne"

Prenant la parole dans la foulée, Yaël Braun-Pivet s’est dite « choquée » par les propos du député sur une majorité « aux ordres de la présidence », rappelant que les auditions et le calendrier des travaux avaient fait l’objet d’un vote la veille. « Nous ne sommes aux ordres de personne », a-t-elle répondu, rappelant que la commission n’aurait pu se créer sans l’accord de la majorité et dénonçant l’attitude de ceux qui voulaient faire de cette commission « une tribune ». Après avoir auditionné le ministre de l’Intérieur et son directeur de cabinet, les plus hauts responsables de la préfecture de police et, « fait exceptionnel, trois responsables de la présidence de la République », Mme Braun-Pivet estimait « inutile » d’aller au-delà.

Sur le fond, là où LR voit une « affaire d’État », la majorité estime qu’on est en présence d’une affaire essentiellement policière, avec « des dérives individuelles de M. Alexandre Benalla et de certaines autorités de police ». La majorité estime avoir été confortée dans son choix par l’audition par le Sénat jeudi du secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler « qui n’a rien apporté de nouveau ». Pour LR, la majorité détourne l’attention en ciblant la police. « Personne ne sera dupe de l’opération de diversion politicienne qui est à l’œuvre », a dénoncé Éric Ciotti.

Les Insoumis ont annoncé également la suspension de leur participation, dénonçant « un sabotage », tout comme les communistes parlant de « mascarade » et les socialistes. Pour Marine Le Pen, « en empêchant la commission d’enquête de faire émerger la vérité, LREM se déshonore. Nous ne participerons plus à cette manœuvre indigne ». « La commission d’enquête est morte, victime des excès de certains opposants et de la servilité et de la partialité de sa présidente », a dénoncé de son côté le coprésident du groupe UDI-Agir Jean-Christophe Lagarde. La commission doit encore auditionner vendredi après-midi le commandant de la compagnie de CRS présente place de la Contrescarpe le 1er mai. Ce sera la dernière audition de la commission qui, en l’absence de M. Larrivé, devrait adopter un rapport succinct la semaine prochaine.

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