L’UE prête à « aider » Theresa May, mais pas à renégocier l’accord de Brexit
Tout juste rescapée d’un vote de défiance, Theresa May va tenter d’obtenir jeudi à Bruxelles de nouvelles garanties sur l’accord de Brexit, face à des Européens prêts à « l’aider » à convaincre son parlement mais excluant de renégocier les termes du divorce.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a assuré que les dirigeants des pays de l’UE voulaient "aider" Mme May, mais sans bien savoir comment. "La marge est extrêmement étroite, ce sera un exercice de communication", a confié mercredi un haut diplomate d’un Etat membre.
La dirigeante conservatrice a survécu mercredi à un vote de défiance organisé par son parti, hostile à l’accord de divorce qu’elle a négocié avec l’UE. Mais la courte majorité qui a permis cette victoire constitue un camouflet et laisse présager des difficultés persistantes avec son parlement.
Les "Brexiters" conservateurs, comme leurs alliés nord-irlandais du petit parti unioniste DUP, contestent en particulier la solution dite de "backstop", retenue dans l’accord de divorce pour éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.
Ce "filet de sécurité" prévoit de créer un "territoire douanier unique" englobant l’UE et le Royaume-Uni après la transition post-Brexit.
Il ne s’appliquerait que si les négociations à venir sur les futures relations commerciales entre Londres et les 27 ne permettaient pas de garantir l’absence de frontière "dure" entre les deux Irlandes. Mais les "Brexiters" craignent un arrimage permanent du Royaume-Uni à l’UE.
C’est pour les rassurer que Mme May espère obtenir une garantie que ce "backstop" ne pourra être que temporaire.
"Ca ne passera pas"
"L’idée d’une date de péremption pour la garantie, ça ne passera pas" du côté européen, a cependant déjà averti mercredi un diplomate européen.
Les Européens ne pourront pas concéder davantage à Mme May qu’un petit texte de "clarification", qui "ne sera pas juridiquement contraignant", a prévenu de son côté un responsable européen.
Car les dirigeants européens, à Bruxelles comme dans les Etats membres, l’ont répété sur tous les tons: il n’est pas question de renégocier l’accord de divorce qui a nécessité 17 mois de tractations pour organiser le départ britannique, programmé le 29 mars 2019.
"Il ne faut pas attendre que nous sortions avec de quelconques changements" lors du sommet, a encore prévenu mercredi la chancelière allemande Angela Merkel. "Il n’y aura pas de renégociation", mais tout au plus "des observations", a renchéri le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Outre la question irlandaise, l’accord de Brexit règle notamment la question du solde de tout compte que devra verser le Royaume-Uni à l’Union européenne pour honorer ses engagements. Il prévoit aussi quels seront les droits des citoyens européens au Royaume-Uni, et des Britanniques dans l’UE, après le Brexit.
Si le Brexit va une nouvelle fois susciter toute l’attention lors du sommet à Bruxelles, les chefs d’Etat ou de gouvernement débattront aussi d’autres sujets importants, dont certains toujours conflictuels comme les migrations.
Ils ont également prévu de faire un point sur les négociations du budget post-Brexit de l’UE pour 2021-2027, au coeur d’un intense bras de fer entre capitales européennes. Et ils devraient reconduire des sanctions contre la Russie pour l’annexion de la Crimée.
Vendredi, au deuxième jour du sommet, les dirigeants européens devraient approuver des réformes pour la zone euro, destinées à mieux protéger l’Union monétaire des crises à venir.